C’est quoi avoir confiance en la vie ?
Comme chaque matin, j’écoute un podcast en prenant mon petit déjeuner et en allant promener ma bête diabolique.
Ce jour même, je suis tombé sur une discussion entre deux potes que je connais bien où ils ont abordé, entre autres, l’importance de faire des prévisions, de se fixer des objectifs, de faire des bilans, notamment dans le domaine entrepreneurial.
Chaque jour, via les emails que je reçois en vue d’un éventuel suivi coaching à distance en musculation que je propose depuis 2006, la question des objectifs se posent.
Les années passant, ceux-ci sont de plus en plus démesurés en regard des moyens que l’on peut mettre en œuvre, du temps que l’on a, des efforts que l’on est capable de faire, de la discipline que cela implique sur le moyen et long terme.
Mon caractère étant de faire à fond ou de ne pas faire (du moins si je souhaite avoir des résultats), je comprends toutefois que ce monde pousse à la dispersion étant donné les extrêmes sollicitations qui nous arrivent, le tout algorithmé pour nous voler notre attention et notre énergie.
Faire les choses à moitié ne donnent pas souvent grand chose, à moins d’avoir du « talent » qui n’est autre que la bonne génétique et une certaine part de répétition durant ces jeunes années comme l’explique bien Daniel Coyle dans son livre « Le Talent Code« .
La seule différence entre avoir des résultats et la « grandeur » de ceux-ci par rapport à soi ne dépend que du temps de notre implication et de l’ampleur de celle-ci.
Autrement dit, plus je serais discipliné longtemps à réaliser une tâche avec envie et amusement et plus j’irais loin en terme de compétence.
A faire les choses à moitié, on arrive souvent à rien car ce qui nous limite est le manque de temps passé dans une discipline.
Par exemple, si je cours une fois par semaine, que je fais du vélo une fois par semaine, que je fais du kayak une fois par semaine… C’est très bien du point de vue de la longévité mais du point de vue du progrès et de l’atteinte d’objectifs « performances », on repassera.
Pour revenir sur le sujet des prévisions, je suis assez circonspect dans le sens où comme je l’explique dans mon livre « The Life« , je crois que la vie est assez « définie », comme si elle était écrite.
Je crois beaucoup en la prédestination, comme si tout était déjà inscrit en nous.
Certains et certaines pourraient me dire qu’ils connaissent des gens qui ont changé du tout au tout suite à un évènement particulier, une remise en question, une rencontre, une lecture… mais je ne crois que l’on change qui l’on est au plus profond.
La vie, d’aussi loin que je me souvienne, et cette société manipulatrice, nous pousse à mettre des masques comme cela est abordé joyeusement dans un épisode de « Bref 2 ».
Nous devons nous comporter comme ci, porter tel vêtement si nous faisons tel travail ou activité, utiliser ces mots plutôt que d’autres…
Tout est fait pour nous dépersonnaliser et nous rendre comme les autres.
Nous luttons alors contre pour une minorité que nous sommes pour nous rendre également compte, qu’au final, nous avons nos différences mais nous sommes aussi très semblables et aspirons à la même chose comme l’explique bien le livre « The Good Life« .
Tout cela pour dire que je ne crois absolument pas aux objectifs long termistes, quelque soit le domaine.
Quand on me demande quels sont mes projets ? Ma réponse est souvent : « On verra » !
J’ai bien des idées mais je ne commande pas mon inspiration, quand est-ce que j’aurais des idées et surtout l’énergie pour tout mettre en œuvre si l’idée persiste.
Je ne décide pas de si j’aurais des douleurs, si j’aurais de la force et de l’énergie telle jour et encore moins si d’autres projets vont débarquer dans ma vie avec plaisir ou pas malgré mon intention de tout faire au mieux que ce soit en terme de sommeil, d’alimentation, de récupération active, de lectures et d’écoutes de podcast, de visionnage de documentaire…
On a beau essayé de tout prévoir que la vie est imprévisible par nature, même quand on essaie de la rendre au maximum prévisible par peur erronée de l’incertitude.
On peut essayer d’être prêt à l’imprévisible en parlant de développer sa résilience mais ce n’est pas de la vraie résilience.
La vraie résilience, c’est quand tu n’as pas le choix tout comme le vrai courage.
Ainsi, chaque jour, des personnes me demandent ce qu’elles peuvent espérer en terme de résultat sur 6 mois, un an, deux ans comme si cela était prédictible.
Chaque jour, la société nous pousse à nous fixer des objectifs. Vous avez besoin d’argent auprès de la banque pour financer l’achat d’un local pour votre future entreprise ? On vous demandera un prévisionnel sur plusieurs années tout en sachant que dans 99% des cas, il ne sera pas réalisé car l’avenir est imprédictible.
Ma philosophie aujourd’hui concernant les objectifs est simple : Faire confiance en la vie.
Je fais confiance en mes gènes et en ce qu’ils peuvent exprimer, me forcer à faire, me pousser à accomplir.
Car je n’ai pas d’autres choix que de me soustraire à mon code génétique qui me pousse à faire certaines actions.
Je crois de moins en moins au libre arbitre et prends de moins en moins exemple sur les transclasses et les exceptions mises en avant continuellement.
Je parlais hier avec une amie qui me disait admirer telle championne car c’est « une teigne ». Mais a-t-elle décidé d’être une teigne ou est-ce sa nature ?
Comme l’explique abondamment David Epstein dans « Le gène du sport« , la volonté peut se travailler mais surtout on l’a ou on ne l’a pas.
Et il est d’autant plus facile de l’avoir quand ce que l’on fait est une extension de soi depuis que l’on est enfant et adolescent.
Autrement dit, plus je suis compétent dans un domaine vis à vis de moi-même et plus je peux exprimer de la volonté, du « dépassement » de soi.
C’est comme la passion qui vient avec la compétence plutôt que l’inverse.
Alors, moins j’ai d’expérience et plus je vais douter, abandonner rapidement car je ne sais pas où sont mes limites et que je pense les toucher du doigts.
Je dis souvent en CQP / BPJEPS pour les futurs coach sportif et même parfois dans mes podcasts et vidéos, que le but de l’entrainement est de se désinhiber au vu des inhibitions que de nombreux récepteurs envoient de toute part pour nous faire ralentir et stopper nos efforts.
Mais aujourd’hui, je l’extrapole.
Dans un monde où la majorité des gens manquent de confiance en eux parce qu’on les abreuve de « super vie », de « super physique », de « perfection », l’épanouissement n’est qu’une histoire de se désinhiber de nos croyances.
Pour laisser place à une confiance absolue dans la vie parce que tout est écrit dans nos gènes et notre éducation.
Nous ferons ce que nous pouvons et la seule chose sur laquelle nous avons du pouvoir est de faire du mieux que nous le pouvons.
Ainsi, je n’ai pas d’autres objectifs que de faire du mieux que je peux avec ce que la nature m’a donné.
Je n’ai pas d’autres réponses que de dire que l’on fera au mieux avec les contraintes de chacun.
Et je ne saurais dire que lorsque l’on fait les choses au mieux, on est forcément récompensé sur le moyen et long terme.
Quant à la nature de la récompense et son intensité, il est inutile de se prendre la tête car cela ne dépend pas de nous.
A ceux qui prétendent le contraire et qui semblent le prouver, cela s’appelle uniquement de la chance, rien d’autre.
Ayez donc confiance en la vie !
Vous verrez bien où elle vous mène.