Et si c’était trop tard ?
La première fois que j’ai lu ce Mindset, je devais avoir 15 ans et c’était dans le livre de Dorian Yates, un célèbre Bodybuilder dans les années 90 « Le CV d’un guerrier » (Introuvable aujourd’hui !).
Il expliquait que s’il retrouvait sa voiture avec les pneus crevés, il arrivait à ne pas s’énerver car ce qui était fait était fait et qu’il ne pourrait rien y faire.
Il ne pourrait pas retourner dans le passé n’ayant pas de Delorean (Qui a la référence ?).
En ce sens, nous exprimons souvent des regrets sur des comportements que nous avons eu.
Nous nous disons que si c’était à refaire, nous referions peut être différemment.
C’est d’ailleurs la question de base de n’importe quelle fin de podcast : « Que te dirais-tu à ton moi d’il y a 10-15-20 ans ? », « Que changerais-tu dans ton parcours ? »
Sans comprendre que nous sommes qui nous sommes aujourd’hui par tout ce parcours et que si nous avons fait tel choix à tel moment, c’est que nous estimions que c’était le meilleur choix, que nous ne pouvions pas faire autrement.
Nous cherchons souvent l’explication, la rationalisation, le facteur clé qui expliquerait telle réussite mais comme l’explique l’excellent livre d’Olivier Sibony que je lis en ce moment « La diversité n’est pas ce que vous croyez« , la réussite est multifactorielle et on ne sait l’expliquer par un unique facteur.
Bien sur, en tant qu’être humain, nous cherchons à nous rassurer comme je l’expliquais dans mon article sur la vie parfaite.
En plus, nous aimons croire que notre réussite, quelle qu’elle soit, dépend de nos faits et gestes, de notre libre arbitre, de nos pouvoirs d’agir.
Alors quand quelqu’un a du succès dans un domaine, qu’il est interviewé quelque part, il ne peut s’empêcher de nourrir son ego en expliquant qu’il a tout donné pour y arriver et même plus encore.
Que ce n’est qu’une question de volonté et que si on n’y arrive pas, c’est que l’on n’a rien dans le sac !
« Si je veux, je peux » et pire encore « Si j’ai réussis, vous pouvez réussir ».
C’est une vision très simpliste de la vie qui oublie que nous sommes le reflet de milliards de gènes et de leurs expressions que l’on ne contrôle pas.
Imaginez-vous faire un excès de boulimie comme c’est le cas de nombreux individus aujourd’hui.
Vous êtes fatigués, vous en avez trop fait et vous cherchez à compenser.
Vous êtes frustrés de vous sentir « faible » alors que vous devriez être en pleine forme.
D’autres ont l’air de faire ce que vous faites et paraissent invincibles.
C’est sur que vous vous écoutez trop et que vous ne devez surtout pas vous écouter, vous reposez, lâchez du lest.
Votre corps vous invite à vous reposer, à en faire moins, voir même à faire une sieste à 11h du matin alors que vous vous êtes levés à 7h.
Mais vous refusez car vous pensez avoir du libre arbitre. Vous pensez pouvoir décider. Après tout, ce n’est qu’une question de volonté.
« J’ai décidé d’être en forme alors je serais en forme ».
Plutôt de succomber au repos, vous explosez et mangez tout ce qui vous passe par la main.
Car on ne vous a pas appris à vous écouter, car on ne vous a dit de vous écouter, de faire confiance aux signaux qu’envoient votre corps et votre esprit.
Vous devez absolument compenser votre frustration, celle de votre corps qui ne vous obéit pas alors qu’il devrait, enfin d’après les histoires que l’on vous a raconté et que vous pensez savoir, être vraie.
Alors vous dévorez tout sur votre passage.
Et le comble est que vous vous sentez encore plus mal après, vous culpabilisez !
Vous vous demandez comment rattraper votre erreur mais vous ne pouvez pas.
Alors votre confiance en vous qui était associée à ce fameux libre arbitre, à cette histoire de volonté, vous invite à vous sentir comme une merde, ce que vous acceptez volontiers.
Vous en rajouterez même, pensant que cela limitera votre prochaine « crise ».
Mais aviez-vous vraiment le choix ?
Aviez-vous vraiment la possibilité de ne pas succomber ?
Si personne ne vous a jamais appris et fait intégrer qu’il fallait faire équipe avec son corps et son esprit, que vous n’étiez pas votre voisin, comment pouvez-vous ajuster votre Mindset et comportement ?
Vous avez couru après le toujours plus, vous vous êtes poussés à bout et la seule réponse possible était de compenser.
D’autant plus que la culpabilité est un faux sentiment, une convention sociale, une supposition que l’on imagine.
Il n’y a rien de mal à faire des faux pas comme trop manger, sauter une séance de sport.
Nous ne pouvons pas contrôler complètement l’expression de nos gênes et selon ma vision actuelle, nous ne pouvons même rien contrôler.
Nous ne faisons que « subir » le destin, le plan qui a été écrit pour nous et nous ne pouvons que l’accepter.
Quand on pense ainsi, ce que je dois beaucoup à mon livre préféré, « Facile » d’Olivier Pourriol, plus rien n’est grave.
La vie nous amènera où elle doit nous amener.
Nous ne pouvons qu’accepter les épreuves qui se dressent devant nous, que nous n’avons pas choisi.
Il n’est plus question de dramatiser quoi que ce soit car ce qui est fait est fait.
Nous n’avons déjà aucun pouvoir sur notre vie alors sur notre passé ?
Nous n’en avons pas non plus sur notre futur car nous ne sommes pas Marty !
La seule chose que nous pouvons faire, c’est accepter.
Accepter d’avoir de la chance, de la malchance, ce qui arrive, comme une épreuve que l’on devait vivre dans le grand livre de la vie.
Nos décisions ne nous appartiennent pas et tout est une histoire de chance.
J’aurais parce que je ferais parce que je suis.
Et comme nous ne décidons pas vraiment qui nous sommes au plus profond de nous, nous ne pouvons qu’essayer de nous regarder avec bienveillance, en acceptant ce qui nous parvient émotionnellement et de voir comment nous agissons physiquement.
Le reste ? Ca n’existe pas.