J’AI FAILLI ÊTRE CON

Depuis quelques jours, je réfléchissais quant à la possibilité de changer de téléphone.

Je cherchais toutes les justifications possibles et inimaginables pour me convaincre qu’il était primordial que je le fasse.

L’important, c’est de croire les histoires que l’on se raconte, non ?

Je me disais : « Cela fait 4 ans que tu as le même téléphone, si tu changeais, tu pourrais faire de plus belles photos ».

Je me disais aussi : « Si tu revends l’ancien, finalement, ça ne va pas te coûter si cher ».

Ou encore : « Imagine tout ce que tu vas pouvoir faire de plus avec ce nouveau téléphone ».

Franchement, j’étais à deux doigts de plonger, de dépenser 500 euros pour « rien ».

Car tous les arguments que je m’inventais n’étaient que de la poudre aux yeux.

Est ce que faire des meilleures photos allait améliorer ma vie ?

Pas un instant, sachant qu’actuellement toutes les photos que je publie sont celles de mon ami photographe Julien dont je suis plus que satisfait.

Est-ce que le fait d’avoir le même téléphone depuis 4 ans nuit à mon bonheur et à ma positive-attitude ? Evidemment que non.

Est-ce que cela m’empêche de réaliser certains projets ? Bien sur que non.

Concrètement, à quoi me sert mon téléphone à part filmer de temps en temps des vidéos pour partager du contenu sur Youtube ? (Et à téléphoner / envoyer des messages)

Le pire, c’est que je ne filme pas dans la meilleure qualité possible, c’est à dire en 4K car mon ordinateur sur lequel je monte les vidéos n’est pas assez puissant (Il a passé les 5 ans).

Quant à la dépense de 500 euros, je ne sais pas si je suis complètement fou (enfin presque) mais quand on y pense, c’est assez énorme.

C’est le prix d’un ordinateur qui peut faire le job pendant des années sans soucis.

La vérité, c’est que j’ai failli me faire avoir par la publicité.

Par les possibilités dont je ne me servirais jamais de ce nouveau téléphone.

J’ai failli croquer 500 euros de mon travail contre quelque chose qui n’aurait rien apporté de positif à ma vie et qui aurait trôné sur la table à côté de moi lorsque je travaille.

J’ai failli dépenser mon énergie, si on estime que l’argent est de l’énergie, pour que dalle.

Sacrée affaire que j’allais faire dis donc.

Pourtant, quand j’y pense, on est dans un drôle de monde.

On essaie par tous les moyens de nous donner envie, de jouer avec nos émotions, pour nous faire acheter des objets, des vêtements dont on n’a pas besoin.

On essaie le plus possible d’influencer notre vote (chaque achat est un vote), de façonner le monde en nous manipulant ouvertement et avec la plus totale décontraction.

Non, on n’essaie pas d’améliorer nos vies, de nous rendre plus heureux.

On essaie de nous rendre de plus en plus prisonnier de cette consommation à outrance.

Vite, il me faut ce nouveau téléphone.

Vite, il me faut ces nouvelles chaussures.

Vite, c’est les soldes, j’ai besoin d’acheter même si je n’en ai pas besoin.

Vite, vite, vite, prenez-moi pour un con, j’en redemande et j’en redemanderais.

Ca peut faire sourire mais pourtant, c’est ce qu’il se passe.

C’est complètement dingue.

J’ai eu cette réflexion en allant mercredi matin dernier en allant sur le lac d’Annecy pour m’entraîner au Kayak.

J’étais en train de m’imaginer les photos que j’allais faire avec mon nouveau téléphone tout en me rappelant qu’aujourd’hui, cette société de consommation nous avait complètement perverti.

Est-ce que vous vous souvenez quand on prenait nos photos avec un appareil Kodak ?

On réfléchissait avant de prendre une photo car on avait que 24 ou 30 photos en moyenne à faire à cause de la pellicule qu’il fallait aller développer ensuite et qu’on attendait plusieurs jours.

On espérait avoir fait des belles photos, avoir immortalisé les bons moments.

Parfois, on était déçu mais le plus souvent, on était heureux comme tout.

Il y avait aussi les appareils Kodak qui allaient sous l’eau. C’était toute une révolution.

On se foutait de la gueule des asiatiques parce qu’ils prenaient des photos à tout va, qu’ils avaient le déclencheur facile.

Aujourd’hui, que faisons-nous ?

Nous faisons des photos, des photos et encore des photos.

Au lieu de réfléchir à faire une photo, on prend.

Plutôt trop que pas assez et surtout on voit le résultat tout de suite.

Au pire, on effacera plus tard si ça ne nous plait pas.

Le plus souvent, on accumule alors il nous faut des téléphones avec plus de mémoires… Toujours plus, plus que sur un ordinateur….

On n’a plus la surprise, le plaisir, le bonheur de découvrir les photos ensemble.

On mitraille à tout va plutôt que de vivre le moment présent.

Le plus important, c’est la photo alors qu’avant, on posait pour prendre une photo.

Et surtout, c’était réel ensuite. On avait un bout de papier que parfois, on encadrait.

Avant les souvenirs étaient dans la tête.

On vivait les moments.

On n’avait pas besoin de regarder son téléphone pour se rappeler de quoi que ce soit.

Avant, on était cultivé.

On n’avait pas besoin de Google.

On lisait des livres, on s’instruisait.

On ne regardait pas des vidéos toute la journée pour voir la vie des gens parce qu’on en avait rien à foutre.

On vivait.

On n’était pas là à s’énerver parce que truc-muche ne répond pas à notre sms qu’on a envoyé à peine 5 minutes plus tôt.

On se fixait des rendez-vous et on les respectait.

On était patient, on était plus humain, j’ai envie de dire.

On était là, plus vivant, plus en vie, c’est ça le mot.

On était pas là à s’exprimer pour ne rien dire, surtout en public.

Parce qu’on écrivait sur du papier, que ça demandait un effort.

En plus, on faisait attention à son orthographe, à comment on écrivait.

On pesait chaque mot et celui-ci avait son importance.

Pas comme aujourd’hui où la majorité s’exprime pour nous tirer vers le bas, pour faire semblant d’exister et de vivre.

Pour réagir au lieu d’agir.

Pour s’exposer et se comparer, sait-on jamais qu’on serait meilleur que le voisin.

On ne pouvait pas effacer un mot, on était obligé de réfléchir avant d’écrire sinon on était bon pour recommencer sur une nouvelle feuille.

Avant, on s’envoyait du courrier et on était heureux d’en recevoir.

On recevait des lettres manuscrites qui démontraient qu’on avait de l’importance pour les gens qui les écrivaient parce qu’ils avaient pris du temps pour.

Aujourd’hui, on envoie un email comme on respire.

On écrit aux gens comme si ça n’avait aucune importance.

Et finalement, c’est ce qui se passe.

Plus rien n’a d’importance.

Tout devient futile avec cette tendance de l’hyper.

Il faut toujours que ce soit hyper, c’est le mot je crois.

Hyper rapide.

Hyper beau.

Hyper économique.

C’est comme si plus rien n’avait de valeur.

Comme si on manquait de temps.

Comme si on ne savait plus « profiter » du temps.

Avoir ce plaisir d’être patient et pas dans l’immédiateté.

Alors, j’ai failli être con.

J’ai failli tomber dans ce piège de l’hyper.

Pour ?

Rien, absolument rien.

Ah si, pour perdre 500 euros qui m’ont demandé je ne sais combien d’heures de travail.

J’ai failli être comme tout le monde à devoir travailler pour pouvoir consommer.

Et non, à travailler pour vivre.

J’ose le dire et je n’ai pas peur de passer pour un vieux con : C’était mieux avant.

Je regrette ce temps où tout avait de l’importance.

Ce temps où on réfléchissait avant de faire quoi que ce soit.

Ce monde où tout n’était pas que consommation.

Où tout n’était pas fait pour nous faire croire que nous avions des besoins que nous n’avons en fait pas.

Je regrette ce temps où la majorité vivait et n’était pas hyper connecté (Vous voyez : HYPER !).

Il est « drôle » de constater comme il est facile de se perdre, se de faire avoir.

Comment on arrive à nous faire rêver de tout et de rien.

C’est « drôle » de constater que la fameuse moyenne vit ainsi, à la poursuite de faux rêves, à la poursuite de fausses vies.

J’ai connu ça, j’ai vécu ça.

A acheter, acheter, acheter parce que c’était en solde.

S’il y avait une promotion, il ne fallait surtout pas la manquer sinon on était un vrai abruti.

Maintenant, cela me fait sourire.

Car quand je suis à deux doigts de me faire avoir, je me pose toujours la même question : « Vais-je être plus heureux avec ? »

Certains me répondront qu’ils font parce qu’ils ont envie.

Que c’est l’envie qui rythme leurs vies.

Autrement dit, leurs émotions.

Cela me rappelle alors ce que j’explique dans le LeaderBook, que ceux qui succombent à leurs envies dès leurs survenues sont justement ceux qui ne vivront pas.

Ce seront ceux qui seront déjà morts avant d’être né.

Peut être qu’une des clés du bonheur, c’est justement de lutter contre ces envies passagères.

Contre ces mensonges qu’on nous vend, pas pour notre bien évidemment.

Franchement, le bonheur, il est simple.

Quand je suis sur mon Kayak le matin, presque seul au monde sur le lac d’Annecy, je ne pense pas à consommer.

Personne n’est là pour me dire ce dont j’ai besoin.

Je fais et c’est fluide. Je savoure, je profite, je suis heureux.

Je n’ai pas le loisir de penser aux conneries qu’on veut me faire acheter, à tout cet écosystème « Hyper ».

Parce que sinon, je tombe dans l’eau.

Je perds mon gainage, je perds l’équilibre et je tombe.

Je suis pas là en train de me questionner sur les photos que je vais faire sur mon Kayak ou les vidéos (J’ai d’ailleurs un GoPro qui pourrait faire le job mais qui me sortirait de mon bonheur).

J’ai l’impression qu’une partie du bonheur, finalement, c’est ça.

Être là, concentré, attentif.

Accorder son attention.

Accorder de l’importance à ce que l’on fait, à chaque chose que l’on fait.

Ne pas faire à la va-vite parce qu’il faut faire.

Il ne faut jamais (Vous pouvez relire cette phrase plusieurs fois).

Si on est là, on est là.

Je ne parle pas forcément du moment présent mais tout simplement d’être éveillé.

Récemment, j’ai vu un film au cinéma dont vous n’avez sans doute pas entendu parler : « Interview avec Dieu » (Il n’y avait qu’une séance unique par salle dans toute la France).

Je me permets donc de vous spoiler un peu.

A la toute fin, revenant d’Afghanistan, le personnage principal, journaliste, découvre qu’en fait, il n’était pas rentré.

Que sa tête était encore ailleurs.

Sa femme était partie.

C’est comme s’il était un fantôme, là sans être là.

Un peu comme Casper pour ceux qui ont connu et vu ce magnifique chef d’oeuvre qui ne peut pas partir du monde des vivants parce que quelque chose le retient psychologiquement.

Avec le temps, j’apprends à accorder de l’importance à ce qui m’importe, à ce qui me parle et surtout à ne pas me disperser, à ne pas toujours courir vers ce plus, plus plus en tout.

Il y a, et on en avait déjà parlé, cela ne me revient que maintenant, un juste équilibre.

Une question de priorité à mettre en place pour vivre.

Pour arrêter d’être un pantin, de subir sa vie, d’être pris pour un con.

J’aimerais pouvoir aider chacun d’entre-vous à définir ses priorités mais je crains que cela ne soit pas possible, du moins au départ.

Vous devez trouver ce qui vous importe et donc ce qui vous rend heureux, quel est le sens de votre vie.

Et surtout ne pas faire parce qu’on vous a dit de faire comme ci ou comme ça, que c’est mieux comme ci ou ça.

Je fais ce que j’estime être le mieux pour moi.

Je fais faire, à ceux qui me demandent de les aider à progresser en musculation, ce que j’estime être le mieux pour eux.

Et surtout, je fuis tout ce qui ne m’intéresse pas et ne pourrait avoir mon attention.

Parce qu’à alors, je crois que cela serait comme être un mort vivant.

Là, sans être là, à vivre sans vivre.

Alors ne soyez pas con comme j’ai failli l’être.

Réfléchissez avant d’agir.

Rudy

Ps : Si cet article vous a aidé, merci d’avance de votre soutien.

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