LA FOCALISATION, CE SECRET OUBLIE

Chaque semaine, vous êtes nombreux à réagir à mes remises en questions et réflexions (Un grand merci d’ailleurs !).

Je préfère bien évidemment que cela se fasse sous les articles du site, pour une question de référencement mais il arrive parfois qu’un témoignage spontané envoyé par email finisse en discussion.

C’est le cas d’une conversation avec Johnny qui m’a fait un témoignage appréciable (Je le citerais dans le Podcast) pour mon livre « The Leader Project » et qui de fil en aiguille en est venu à me poser quelques questions, surtout après avoir découvert qu’il me « connaissait » sur le net depuis plus d’une dizaine d’année.

J’apprécie particulièrement ces échanges car ils me permettent de savoir quelles sont vos attentes, quels sont les sujets qui vous intéressent et ainsi de mieux avancer ensemble (N’hésitez donc pas à m’écrire).

Après lui avoir demandé s’il avait des questions ou besoin de précision par rapport au livre, voici ce qu’il m’a répondu :

« J’en ai bien une pour savoir si t’as le même problème que moi (je demande à l’ancien, t’as 3 ans de plus que moi 🙂
Comment gères-tu le fait d’être focalisé sur un objectif à la fois ?
Perso mon soucis, c’est que j’ai du mal parfois à me focaliser pour exceller dans un domaine.
Je vais faire un golf avec un pote pour « essayer », et bah j’ai envie de devenir champion de golf.
Je vais discuter avec une connaissance qu’a repris une librairie : j’ai envie de devenir libraire.
En gros : tout me donne facilement envie (aussi parce que j’ai le goût d’apprendre).
Et très souvent, je vais prendre un sujet, je vais le poncer à fond pendant 1 mois, puis je vais passer à autre chose parce que j’ai découvert un nouveau truc trop génial….
Si t’as des astuces pour savoir comment t’as réussi à te raisonner à chaque fois qu’un truc t’a donné envie, je suis preneur 🙂 »

Il m’est assez facile d’imaginer qu’il n’est pas le seul à avoir ce genre de « problème ».

Moi-même, il m’arrive de temps à autre d’avoir mon esprit qui divague et qui me perturbe, ne sachant plus alors dans quelle direction aller.

Mais à la différence Johnny, cela ne dure jamais bien longtemps parce qu’avec les années, j’ai mis en place un certains nombres d’habitudes qui ne me demandent pas spécialement d’y penser pour les réaliser mais qui me cadre « rapidement ».

Par exemple, je m’interdis de manger le matin tant que je ne me suis pas occupé de répondre à tous mes élèves qui m’ont envoyé leurs programmes la veille au soir, durant la nuit ou très tôt le matin.

Après quoi, je peux faire mon petit déjeuner, boire mon café et jongler pendant que celui-ci chauffe (Bientôt la vidéo avec 4 balles, promis).

Et enfin, je peux m’asseoir pour écrire un article ou lire mon livre du moment avant d’aller m’entraîner.

Je pourrais vous décrire à quoi ressemble exactement mes journées si cela vous intéresse mais il n’y a rien d’extra-ordinaire, c’est même plutôt banal.

Ce n’est qu’une succession d’habitude qui ne me permettent pas, en fait, d’être distrait ou du moins, pas tant que celles-ci n’ont pas toutes été réalisées.

Cela peut paraître ennuyant, manquant d’entrain, de vie pour certains. Je le conçois très bien mais c’est ma façon de vivre, celle que j’apprécie.

Récemment, j’expliquais d’ailleurs dans un Podcast (Heroes Tribune) que la liberté, c’était le choix de ses contraintes :

Nous avons souvent ce genre de discussion avec mon associé sur SuperPhysique, Fabrice où nous sommes parfois dubitatif sur la vie réglée qu’impose la musculation lorsque l’on souhaite progresser ce à quoi je lui réponds toujours que rien ne me rend plus heureux que de m’entraîner.

Je ne pense que cela soit difficile d’être focalisé sur un sujet à la fois si celui-ci répond à un besoin personnel.

Tout part de là à mes yeux.

Par exemple, la musculation est devenue une réelle passion pour moi parce que j’étais maigre, pas très fort et que je voulais devenir plus musclé, plus fort, voir Monsieur Olympia ou mieux encore Broly.

Devant les conseils que je recevais et les non-progrès que j’accomplissais, je me suis pris d’une passion pour sa compréhension parce que je ne pouvais pas ne pas progresser, je devais comprendre.

En aparté, on voit que la passion a plusieurs degrés.

On peut aimer une activité au point d’en être passionné : « J’adore m’entraîner ».

On peut aimer comprendre une activité, passionné de son fonctionnement : « Je veux comprendre l’hypertrophie musculaire » (C’est ce que je disais à Didier Reiss, co-auteur du livre « La bible de la préparation physique » quand j’avais 16 ans et que je m’interrogeais au sujet de mon avenir).

On peut aimer l’histoire d’une discipline, adorer connaître les anciens champions, les légendes, toutes les histoires possibles et inimaginables.

Pour certains, être passionné, c’est être passionné de tout mais aujourd’hui, cela n’est plus forcément le cas, même si j’apprécie particulièrement les « vrais passionnés ».

En répondant à une problématique que je rencontre, je suis obligé d’être focalisé dessus tellement que cela m’obsède.

Sinon, c’est que le problème n’est pas important pour moi.

C’est comme quand quelqu’un m’écrit et me dit que sa question est importante mais que lorsque je lui propose de me réserver une consultation pour pouvoir lui répondre en détail et qu’il me dit qu’il ne souhaite pas « payer ». Dans ce cas, la question n’a jamais été importante.

Cela me rappelle qu’un de mes professeurs disaient que de nombreuses personnes posaient des questions juste pour exister, que la réponse ne les intéressait pas spécialement (Le besoin d’exister, de montrer qu’on est là est un vaste sujet !).

Si tu as donc du mal à te focaliser sur un sujet, c’est que celui-ci ne t’intéresse pas vraiment.

En même temps, j’ai envie de te dire que personne n’est focalisé à 100% sur un sujet, du moins, c’est très rare.

Nous avons tous besoin d’un équilibre entre plusieurs activités. Je ne pourrais pas écrire chaque jour un article sur LeaderCast ou alors j’en aurais vite « marre », je perdrais mon entrain.

Il y a d’un côté mon travail de coach, mon travail d’écriture, mon travail de lecture, mon entraînement, ma marche quotidienne, l’écoute de Podcast….

C’est une multitude d’activité que j’alterne tout au long de la journée, certaines me demandant énormément d’attention quand d’autres presque pas.

Je le répète souvent mais nos capacités d’attentions sont limitées, on ne peut pas être focalisé 10 heure de suite.

Plusieurs théories s’affrontent d’ailleurs sur le sujet, certains nous expliquant qu’il faut faire des pauses toutes les 25 minutes, d’autres toutes les 45 minutes ou d’autres toutes les 90 minutes.

Personnellement, je fais une pause quand j’en ai marre. Tout n’est pas une histoire de « chiffre ».

Pour moi, le véritable problème de la majorité est le manque de concentration avec toutes les distractions actuelles.

Si on ne coupe pas toutes les notifications de son téléphone, on peut être dérangé (c’est le mot) toutes les 2 minutes.

Si on ne priorise pas les différentes sollicitations, alors effectivement, on ne peut pas être concentré et faire quoi que ce soit.

Il y a un règle simple d’ailleurs à ce sujet : Si on a une idée et qu’on peut la réaliser tout de suite en moins de 5 minutes, il faut la faire sinon il faut la noter pour « vider sa mémoire vive » et continuer ce que l’on fait (C’est pourquoi j’ai toujours mon cahier de note près de mon ordinateur comme en ce moment, sait-on jamais qu’une idée de génie me traverse l’esprit) sinon celle-ci va nous obséder jusqu’à tant qu’on la perde.

Il peut ainsi m’arriver de noter des sujets qui m’intéressent sur le moment et qui finalement n’étaient qu’une envie du moment mais pas un réel besoin ce qui me fait « gagner » du temps ou du moins éviter de m’en faire perdre.

Je reviens sur ce que j’ai dit plus haut en me posant toujours la même question : « Qu’est ce qui me fait le plus plaisir ? »

Je sais que de nombreuses personnes n’arrivent pas à refréner leurs envies soudaines mais c’est la différence entre le plaisir et le bonheur, c’est également la différence entre ceux qui réussissent et ceux qui ne réussiront jamais (Savoir contrôler ses pulsions, les différer).

Je préfère écrire cet article et être heureux de l’avoir écrit plutôt que dans le même temps passer 3 heures sur les réseaux sociaux.

Je préfère partager mes réflexions plutôt que de regarder la vie des autres toute la journée et plutôt que de vivre ma journée.

Pour rappel, le bonheur est partagé tandis que le plaisir est individuel et ne profite qu’à une personne (On pourrait débattre du mot profiter pour le coup).

En soi, je préfère le bonheur au plaisir.

Tout comme toi Johnny, lorsque je discute avec un « vrai » passionné et qu’il me parle de sa passion, cela me donne envie de tester, de faire mais comme je ne peux pas le faire dans les 5 minutes qui suivent, je note l’idée pour continuer d’avancer sur ce qui m’importe vraiment au jour le jour.

Peut être que je m’occupe trop la journée pour pouvoir avoir ce genre de distraction aussi ?

Je suis quelqu’un qui n’aime pas être stressé, devoir faire les choses rapidement. Je suis plus efficace, productif quand je peux prendre mon temps, quand je n’ai pas d’impératif (J’ai du mal avec les rendez-vous par exemple) avant et après.

J’aime prendre et avoir du temps, j’en ai besoin.

Ce n’est donc pas parce que j’ai envie de quelque chose que je vais le faire, surtout si cela bouleverse mes chères et tendres habitudes.

Je suis également peu influençable. Je suis heureux quand quelqu’un partage son bonheur, sa passion, son entrain avec moi mais cela ne me donne pas totalement envie d’essayer.

Il y a différentes étapes dans ma tête qui font que sans doute, je n’essaierais jamais son activité parce que j’y trouverais plus d’inconvénients que d’avantages vis à vis de ce qui m’importe vraiment.

Par exemple, on peut me faire « rêver » de rameur que je n’en ferais jamais trois fois par semaine et encore moins tous les jours. Une fois par semaine, c’est bien, deux fois à la rigueur mais plus, sans doute jamais parce que cela ne concorde pas avec mes objectifs en musculation qui reste mon plaisir principal.

Je ne subis pas les contraintes, je les choisis, c’est une nuance importante je pense.

Je n’ai jamais aimé l’idée d’être « moyen » partout, c’est à dire un touche à tout.

J’ai toujours préféré être « bon » dans un domaine que d’essayer un peu tout. C’est une question de caractère mais aucun expert ne serait ce qu’il est s’il ne s’était et/ou ne se focalisait pas sur une seule tâche principale.

Un expert, un spécialiste, c’est quelqu’un qui répète sur le moyen et long terme. Ce n’est pas un touche à tout.

Même si certains nous expliquent que l’on peut être « bon » dans plusieurs activités à la fois, la vérité est que l’on est jamais aussi bon que lorsque l’on ne pratique qu’une seule activité.

Enfin, pour conclure, je dirais que le secret de ma concentration, de mon « efficacité », de ma productivité est que je m’isole de tout lorsque je réalise une tâche.

Si je « dois » écrire, je ne me demande pas si j’ai envie d’écrire, je m’installe derrière mon ordinateur, j’ouvre la page internet dont j’ai besoin, je mets mon casque les oreilles avec ma « musique » du moment et j’y vais.

Aucune distraction ne m’arrive d’ailleurs et si mon esprit décroche, comme cela me prend plusieurs heures pour écrire un article, je fais des pauses de 3 à 5 minutes pour reposer mon esprit.

En soi, la force des habitudes et mon « devoir », ma volonté font le reste, même si comme là, je rentre de l’entraînement et que j’ai envie de faire une sieste. J’attendrais ce soir pour me coucher et dormir mais avant ça, mes envies n’ont que peu d’intérêt car j’ai d’autres chats à fouetter et bien plus importants à mes yeux encore une fois.

Quand je fais quelque chose, j’y suis donc à 100% ou je n’y suis pas.

Je n’ai jamais su faire à moitié et comme on ne peut pas devenir bon en pratiquant une activité durant 1 mois ou tout connaître en s’y intéressant un mois, je ne prends pas le temps de vraiment m’y intéresser comme tu sembles le faire.

Quand je m’engage dans quelque chose, c’est à « fond » ou rien.

J’ai soif de « savoir », de « faire » et comme je ne peux pas tout faire et prendre le temps de « tout savoir », je ne me disperse pas.

Voilà Johnny. J’espère que cela t’aidera.

Rudy

PS : Si cet article vous a plu, voici comment éviter de perdre encore plus de temps.

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