LA VIE PARFAITE SUR PAPIER

Depuis tout petit, on n’a pas eu besoin de t’expliquer ce qu’est la vie parfaite.

On te l’a suggéré, on te l’a murmuré, on te l’a soufflé tellement de fois que tu as fini par y croire plus tout.

Tu as accepté cette idée de la vie parfaite sans jamais la remettre en question.

Alors tu as essayé de la vivre.

Tu as fait des études classiques parce qu’il fallait avoir un diplôme.

On t’a peut être même suggéré de faire « Allemand » en première langue, de prendre « Latin » en 5 ème et tu as échappé de peu au « Grec » !

Au lycée, on t’a dit qu’il fallait faire option scientifique parce que c’est ce que faisait les meilleurs élèves pour avoir le plus de choix possible après ton bac.

Tu t’es laissé porter parce que c’était la norme, accepté par tous.

On ne t’a jamais appris à remettre en question quoi que ce soit.

Puis après ton bac, il a fallu choisir.

Tu avais peut être envie de faire un métier manuel, d’être dehors, de faire ce qui est stéréotypé comme à un sous-métier mais tu as fait une fac de sport, une licence math ou des études droits.

Parce qu’au bout, cela t’assurait d’avoir un métier, d’être professeur, d’être fonctionnaire…

On t’a toujours dit de privilégier la sécurité, la sureté.

Alors tu as fait des études sans te demander si ce que tu apprenais te plaisait vraiment.

Tu ne t’es jamais demandé si cela t’enrichissait, te rendait heureux et allait contribuer à faire le bien autour de toi, à te rendre utile.

A la fin de tes études, tu as trouvé un travail sous-payé par rapport à ton nombre d’année d’études.

Tu es rentré dans ce système de la vie parfaite.

Peu importe que ce soit mal payé, que tu doives faire une heure de trajet matin et soir dans les bouchons ou entassés comme une sardine dans le métro, c’est le plan.

Puis, tu t’es mis en couple pour de vrai (fini de batifoler !) et vous avez fait des projets, ceux de la vie parfaite.

Vous avez commencé par habiter ensemble parce que c’était obligé.

Rapidement, vous avez acheté un appartement parce que louer, c’est mal !

Alors vous avez pris un crédit qui vous coûte plus cher que de payer un loyer.

En tant que propriétaire, vous avez aussi rajouter de nombreuses taxes qui ne cessent d’augmenter mais ce n’est pas important, car vous êtes chez vous.

Ensuite, il fallait absolument faire des enfants, c’était la suite logique.

Vous avez commencé par en faire un puis comme il fallait en faire deux, vous avez suivi le plan.

A deux enfants, l’appartement est devenu trop petit alors vous avez acheté une maison avec un jardin pour que ceux-ci puissent jouer dedans.

Vous avez appris à passer la tondeuse, à prendre soin des arbres, à tailler des haies.

Chaque été, vous partez en vacances quand il n’y a pas « école » pour changer d’air.

Alors vous réservez dans un pays étranger, dans un hôtel club où tout le monde y trouve son compte.

Vous économisez toute l’année pour cette semaine ou deux à l’étranger en vacances où tout est en illimité, sauf la qualité.

Vous revenez ensuite à votre vie parfaite où vous voyez vos amis régulièrement, où vous faites des gueuletons, où vous profitez de la vie.

On vous appris à toujours vouloir plus, à consommer plus, à gagner plus, à faire plus parce que c’est ca la vie parfaite.

Puis un jour, tu te réveilles et tu te demandes si c’est vraiment ca la vie parfaite.

Tu remets en question ton boulot et tu te demandes si c’est vraiment utile ce que tu fais, si tu fais le bien autour de toi ou si tu contribues à un monde de plus en plus pourri.

Si cela a du sens de faire une heure de trajet matin et soir.

Tu te demandes si finalement, tu ne t’es pas construit une belle prison où il n’y a que des contraintes que tu n’as pas choisi.

Tu n’as plus envie de prendre soin du jardin et tu en as marre d’être une vache à lait, de payer sans arrêt pour des choses dont tu n’as pas besoin.

Finalement, personne ne va dans le jardin et tes enfants préfèrent passer du temps derrière leurs téléphones à regarder la vie des autres ou à jouer aux jeux vidéos.

Tu entretiens ta maison parce qu’il faut le faire et non parce que cela te fait plaisir, parce qu’il faut avoir une belle maison pour les gens que tu invites, pour tes voisins qui voient ton jardin.

Tu es devenu un meuble pour ton conjoint parce que vous manquez de temps, parce qu’il y a toujours autre chose à faire que de se retrouver ensemble, juste tout les deux.

Tu n’as plus de temps libre parce que tes enfants sont la priorité.

Tu n’as pas d’économie de côté et tu ne peux donc pas t’acheter du temps, des possibilités de faire ce que tu voudrais faire parce qu’il fallait toujours plus.

Tu es prisonnier de cette vie parfaite qui finalement était tout ce qu’il ne fallait peut être pas faire.

Parce qu’on ne t’a appris à décider, à choisir, à réfléchir.

On t’a appris à appliquer bêtement le plan d’un autre, à répéter comme à l’école.

On ne t’a pas dit de prendre du recul, de ne pas foncer tête baisser, de te poser des questions sur ce que tu souhaitais vraiment.

On te parle sans arrêt d’équilibre de vie mais ce n’est pas ton équilibre.

C’est celui d’un autre, d’un tiers.

Nous recherchons tous l’équilibre dans nos vies mais nous n’avons pas tous le même.

C’est ainsi que certains, comme Romain sur mon Patreon, s’inquiète de son équilibre de vie alors qu’il est dans le Flow continuellement comme j’en parlais dans cet épisode de LeaderCast.

Parce que son équilibre n’est pas celui de la soi-disante vie parfaite.

Parce que la vie parfaite n’existe pas comme le dit si bien le livre du même nom.

Parce qu’on a aussi le droit d’évoluer, de changer, de ne pas suivre les règles qui n’en sont pas.

On a le droit le vivre différemment, de créer son propre écosystème, de ne pas accorder d’attention à ce qui ne nous intéresse pas.

Je dirais même que nous avons le devoir de choisir notre environnement et de personnaliser notre vie.

Car si nous ne le faisons pas, comment peut-on espérer vivre une bonne vie ?

Comment peut-on espérer passer des bonnes journées si nous suivons le plan d’un autre ou d’autres ?

Certains et certaines diront que je suis chiant à tout remettre en question mais je n’ai jamais su faire autrement.

« Je suis contre tout », dirais-je en souriant !

Bien sur, on peut faire le choix de fermer les yeux sur tout et de se divertir le plus possible pour oublier, ne pas penser, ne pas vivre.

Mais si vous souhaitez vivre votre vie, prenez du recul et demandez vous ce que dirait votre moi de 90 ans.

Est-ce qu’il revivrait la même vie ou changerait-il cette vie parfaite ?

Parce que le plan, c’est pas plan, en tout cas, pas celui d’un autre !

Facebook
Twitter
LinkedIn
Email
WhatsApp