FAUT-IL RENONCER ?

Comme vous le savez (ou peut être pas), j’ai un projet en musculation qui consiste à fédérer les personnes souhaitant vraiment progresser en musculation, le Club SuperPhysique.

Mon postulat de départ est simple : Tout le monde s’entraîne pour progresser, pour faire mieux, pour évoluer.

Quand je suis arrivé sur Annecy en 2012, il n’y avait que 3 salles de musculation. Tout le monde ou presque se connaissait, discutait ensemble, se motivait mais déjà, je remarquais une sensible différence avec ma petite salle de quartier lorsque j’étais en région parisienne en terme d’état d’esprit et de motivation.

Puis la musculation, plus communément appelée aujourd’hui le fitness a subi une explosion.

Le marché, calqué sur celui des Etats-Unis, a explosé. Il est devenu un centre d’intérêt pour les financiers et autres commerciaux.

Puisque tout ce qui se passe aux US fini par arriver chez nous, autant dire que très prochainement, la norme sera d’aller en salle de sport et que ceux qui n’iront pas seront les exceptions.

Alors qu’auparavant, des petites salles, parfois associatives, tenues par des passionnés étaient courtisées, désormais elles ferment toutes les unes après les autres au détriment de grandes enseignes commerciales, souvent sans âme et se battant sur le terrain du discount, allant même parfois jusqu’à offrir les trois premiers moins d’inscription sans engagement.

C’est la fameuse Méthode Amazon dont nous avions parlé dans ce Podcast :

Une Holding aux moyens financiers illimités voit une opportunité et s’y engouffre, écrasant la concurrence sans pitié.

Au lieu d’avoir de bons conseils, d’avoir une certaine émulation collective, la majorité choisit de se focaliser sur le « facteur » prix parce que la norme, c’est d’aller en salle de sport coûte que coûte (de le dire, de mettre son tout dernier legging au dessus de la taille et surtout de ne pas oublier de se prendre en photo à la salle avec pour la poster sur les réseaux sociaux…) et que les services présents, pour peu que les machines brillent, ne sont même pas regardés.

De toute façon, avec internet, on peut trouver toutes les informations dont on a besoin, non ? (sic…).

Devant tous ces faits, je me dois d’admettre que j’ai eu tort.

J’ai cru, parce que j’ai grandi ainsi via les forums de musculation et notamment les forums SuperPhysique, anciennement Smart Weight Training, que l’on pratiquait une activité et pas seulement la musculation, parce qu’on en avait vraiment envie.

Au début des années 2000 et bien plus avant, pratiquer la musculation était une façon de sortir de la norme a tel point que lorsque l’on nous demandait quelle activité nous pratiquions, nous usions de ruse et répondions soit la natation, soit le rugby, parce qu’il était mal vu de se muscler avec des barres et haltères. Ce n’était pas vu comme « naturel ».

Quand aujourd’hui, c’est celui qui ne va pas en salle de sport et/ou qui n’a pas de coach, qui est l’exception.

C’est une des raisons pour lesquels mon projet du Club SuperPhysique, qui est, en plus, centré autour de valeurs humaines de plus en plus minoritaires, ne peut pas exploser, se développer outre-mesure.

Car la proportion de personne qui fait de la musculation et qui veut vraiment progresser est devenue minoritaire puisque c’est une obligation de « pratiquer ».

Que le personnel encadrant, qualifié et vraiment passionné devient de plus en plus rare à mesure que de plus en plus de salles s’ouvrent.

C’est le serpent qui se mord la queue car plus personne ou presque ne peut transmettre la flamme, allumer l’étincelle indispensable à cette envie de progresser.

La plupart vont donc à la salle comme on va au café, ce qui n’est pas un mal en soi.

Pourtant, je suis convaincu que de petites salles de musculation peuvent survivre à condition d’avoir un vrai Leader qui tient les rênes et insuffle la flamme. Notez bien que j’utilise le mot « survivre » car il ne s’agit pas de faire fortune. La question de l’emplacement est également primordial.

Cela n’est pas un problème à partir du moment où l’on comprend que gagner de l’argent pour gagner de l’argent n’a aucun intérêt et qu’il vaut mieux s’épanouir dans son boulot, faire le « bien » plutôt que de gagner le plus possible mais corrompre le monde…

Malheureusement, la majorité va en ce sens mais cela ne veut pas dire qu’il faille faire de même parce que tout le monde ou presque le fait.

C’est justement parce que tout le monde le fait qu’il ne faut pas le faire.

Je viens d’ailleurs de tomber une histoire intéressante :

« Un vieil homme était sur le point de mourir.

Avant de quitter notre monte pour l’au delà, il décida de donner une dernière leçon aux membres de sa famille qui étaient réunis à son chevet.

Il leur dit ceci :

« Quand j’étais jeune et doté d’une imagination sans limites, je rêvais de changer le monde.

Devenu plus sage avec les années, j’ai compris que le monde ne changerait pas.

Alors j’ai réduis quelque peu mes visées et j’ai décidé de transformer seulement mon pays.

Mais lui aussi me semblait immuable.

En approchant de la vieillesse, dans une suprême et désespérée tentative, j’ai décidé de ne penser qu’à changer ma famille, ceux dont j’étais le plus proche.

Hélas, vous n’avez rien voulu entendre non plus.

Et maintenant, étendu sur mon lit de mort, je comprends soudain : Si seulement, je m’étais changé moi-même.

Alors à mon exemple, vous auriez également changé.

Et grâce à vos actions, vous auriez inspiré d’autres personnes à trouver la force et le courage d’améliorer notre pays et qui sait ?

Peut être même changer le monde ? »

Cela me fait me poser de nombreuses questions sur la suite à donner à certains de mes projets comme LeaderCast, comme tous mes projets collaboratifs.

Car je me rends bien compte que ceux-ci ne fonctionnent pas financièrement et que même lorsque je fais appel aux soutiens collaboratifs, le Patreon, j’en aperçois ses limites.

En tant qu’entrepreneur, je sais exactement ce qu’il faut faire pour gagner de l’argent, j’ai toujours eu une bonne étoile de ce côté là et l’expérience que j’ai accumulée, en plus de ma curiosité tout au long de ces années, font que je connais les différentes étapes pour que cela rapporte.

Pourtant, aujourd’hui, je n’en ai pas envie. Je n’ai pas envie de jouer sur les mots pour vendre du rêve, je n’ai pas envie de vendre une image, de jouer les apparences, de tout bien maquiller pour faire fortune.

Ce n’est pas les idées qui manquent, comme je le disais lors du précédent Leadercast car j’ai noté plus de deux ans de contenu entreprenarial la semaine dernière, vraiment, sans blague.

Mais cela pourrait aussi être sorti en formation, en contenu payant, ce qui si le Patreon ne se développe pas devra se faire pour subvenir aux besoins que génère la tenue d’un site comme celui-ci, si le collaboratif ne prend pas de l’ampleur.

Sur le Club SuperPhysique, je me pose aussi la question de grossir à tout prix quand on sait que la taille d’un groupe qui fonctionne est forcément limitée, autour de 150 personnes comme l’a démontré Robin Dunbar dans l’article « Comment bien s’entourer ?« .

Mais de l’autre côté, ce projet tourne à perte, financé de ma « poche » depuis le début, même si depuis maintenant deux ans, la perte a été réduite par une légère monétisation du site via la prise de licence afin de participer, entre autres (Pour voir ce à quoi donne droit la licence SuperPhysique, cliquez-ici). Mais cela ne suffit toujours pas.

Car mon postulat de départ était faux et que je n’avais pas anticipé ce qui allait se produire.

J’ai fait preuve d’innocence et malgré certaines erreurs, je continue et continuerais à garder espoir.

Car j’ai envie de croire dans l’humain. Je n’ai pas envie d’aller droit dans le mur, dans la déshumanisation.

Je n’ai pas envie d’aller dans le racolage, dans la perversion des valeurs qui me sont chères pour gagner plus et être incohérent avec moi-même et avec mes micro-communautés.

Pourtant, il serait « facile » de copier et de mettre en place ce qui fonctionne : des récompenses et des challenges à la portée de tous, pour aller dans le « mauvais » sens.

Où la majorité veut être récompensée de participer, d’être un simple finisher, sans avoir vraiment mérité à mes yeux d’être récompensé extérieurement.

Oui, je pourrais, comme cela se fait dans chaque compétition, offrir des récompenses aux trois premiers et rien aux participants suivants.

Oui, je pourrais glorifier les premiers et oublier que les premiers existent parce qu’ils sont bien secondés.

Je pourrais m’asseoir sur mes valeurs et qui je suis pour grossir coûte que coûte.

Mais je vais choisir de connaître chaque personne qui participe au Club SuperPhysique, de savoir qui s’appelle comment, ce qu’il fait dans la vie, ses motivations.

Je vais choisir de rester accessible et de ne pas être comme certains présidents de fédération qui ne se rappellent même pas du prénom des athlètes qui sont en équipe de France, qui disent bonjour à leurs préférés et qui snobent les autres.

Je vais continuer d’aller dans le sens que j’ai décidé, qui me parle.

C’est pourquoi je vais miser sur les micro-communautés auxquelles je participe déjà existantes.

Je vais essayer de les souder, d’accentuer la communication entre les membres, de jouer justement ce jeu de la collaboration, de l’humain, de l’attention.

Les challenges du Club SuperPhysique, je vais les organiser mais pour ceux qui participent déjà et qui participeront demain parce qu’ils se reconnaissent dans ce que nous essayons de faire ensemble.

Au diable les récompenses, les médailles et autres t-shirt de finisher. Au diable la prostitution intellectuelle, le mensonge, la malhonnêteté, le tout pour moi et le rien pour vous.

Je vais continuer à communiquer avec mes Patreotes dès que j’ai fini une lecture, à répondre en priorité à leurs questions via ces articles et podcasts associés (N’hésitez donc pas à m’écrire via le Patreon).

Et je vais surtout compter sur le pouvoir que chacun d’entre nous a, celui de montrer l’exemple afin d’inspirer d’autres personnes à trouver la force et le courage d’aller dans le bon sens.

Pas celui du progrès individuel mais celui du progrès ensemble.

Je crois en moi et je crois en vous.

Je crois que je peux faire la différence et j’espère vous le prouver chaque semaine.

Alors je crois et je ne renoncerais jamais à cette idée, que chacun d’entre vous a le pouvoir de faire de même à son niveau.

Nous avons ce devoir envers nous-même et envers les personnes que nous côtoyons.

Alors ne renonçons pas, jamais.

Battons-nous pour être nous-même, pour un avenir qui nous correspond, pour les projets qui nous font vibrer.

Car si nous nous laissons abattre et abandonnons nos rêves, autant mourir tout de suite.

Comme disait George Patton :

« Mieux vaut se battre pour quelque chose plutôt que de vivre pour rien ».

Je compte sur vous,

Rudy

 

 

 

 

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