L’EXEMPLE DE TIGER WOODS

Autant vous le dire tout de suite, je ne m’y connais absolument pas en golf.

Pourtant, cela ne m’a pas empêché de lire la dernière biographie concernant le plus célèbre golfeur du monde, osons dire la légende Tiger Woods.

Ce n’est pas le premier livre que je lis à son sujet mais là, on tient véritablement un chef d’oeuvre qui mérite de figurer dans ma liste de livre à lire que je recommande dans la Formation SuperPhysique concernant toute la partie développement du « Leadership ».

Je la mettrais presque au même niveau que la biographie de Steve Jobs qui est ma référence dans cette catégorie de livre.

J’adore personnellement lire les réussites analysées à posteriori pour savoir ce qui se cache derrière ces êtres si complexes.

Car, il faut le savoir, on ne réussit pas à l’extrême dans un domaine en étant un modèle d’équilibre. C’est justement parce que l’on est complètement déséquilibré, équilibré dans un extrême que l’on devient un maître dans son domaine, c’est à dire ici le meilleur joueur de golf que la terre ait connu.

C’est pour cela que je crois qu’il est intéressant de décortiquer l’exemple de Tiger Woods pour analyser et comprendre ce qui se cache derrière cette incroyable légende, pour en tirer des leçons que nous pourrions appliquer à notre niveau pour atteindre nos propres objectifs en terme de succès.

Tout commence avec des débuts précoces. A 2 ans, il touche son premier Club de Gold selon son Earl Woods, son père, qui s’entraîne alors chaque soir à taper des balles dans son garage qu’il a customisé.

Devant l’intérêt porter le « petit » Tiger Woods pour le golf, ses parents organisent sa vie autour de cette activité.

Chaque jour, il regarde son père jouer pendant des heures jusqu’à avoir véritablement la possibilité de taper lui-même des balles.

Quand il rentre à l’école, cela fait déjà quelques années qu’il pratique quotidiennement s’étant exporté sur un terrain réservé aux marines et ex-marines qu’est son père.

Vous devez savoir que plus on pratique une activité et plus on la commence tôt, plus on en devient un « expert » rapidement en âge.

En musculation, qui est mon principal domaine de prédilection et qui me fait vivre depuis 2006, c’est ce que l’on appelle les antécédents sportifs qui façonnent l’adulte que nous deviendrons avec certaines forces et faiblesses bien ancrées (Cf le Tome 1 de la Méthode SuperPhysique).

Cela amène à poser la règle des 10 000 heures qui a été théorisée par Malcom Gladwell dans son livre « Outliers : The Story of Success » (Malheureusement non-traduit en français à l’heure où j’écris cet article).

Sa conclusion est simple : Il faut en moyenne 10 000 heures de pratique dans une activité pour atteindre son meilleur niveau.

Ce qu’il est intéressant de savoir, c’est que Malcolm Gladwell estime que Tiger Woods a atteint ses 10 000 heures entre sa douzième et treizième année soit au tout début de son adolescence quand, pour la plupart des experts dans leurs domaines, il faut attendre au moins la vingtaine d’années.

La vie de Tiger Woods fut donc organisé tout autour du golf puisqu’il gagna ses premières compétitions à l’âge de 5 ans, passa sur les grandes antennes et émissions aux Etats-Unis au même âge.

Plutôt que de jouer avec ses camarades dans la cours d’école et de faire des activités extra-scolaires avec eux, il jouait au golf inlassablement.

Mais ce n’est pas tout car jouer ne suffit pas à devenir un expert. Il observait également énormément.

Je ne me souviens plus de l’âge qu’il avait lorsqu’il a vu pour la première fois à la télévision l’un des Masters, c’est à dire l’un des 4 plus gros tournoi de golf mais cela lui a permis de découvrir la légende Jack Nicklaus.

Et c’est là où c’est encore extrêmement intéressant puisqu’il a très rapidement accroché dans sa chambre son palmarès en se fixant comme objectifs de faire mieux que lui plus jeune. En clair de surclasser une légende vivante alors qu’il n’avait pas encore une dizaine d’année.

D’où vient cette ambition démesurée ?

Parce que l’on a beau adoré jouer au golf ou à n’importe quelle activité, il faut une sacrée confiance en soi pour « croire » (Cf cet article sur les limites) que l’on peut faire mieux que le meilleur des meilleurs. Certes, enfant, nous rêvons presque sans limites mais presque.

Ce sont ses parents et notamment son père, qui tout au long de sa carrière, vont façonner cette confiance. Pendant plus de 20 ans, il va dire à qui veut l’entendre que son fils est le nouveau messie, qu’il aurait autant d’influence que Bouddha, Gandhi ou Jésus, voir plus.

Lorsque l’on est enfant et que l’on entend à longueur de journée que l’on est doué, que cela est renforcé par des victoires régulières parce que l’on est un expert avant l’heure, forcément on y croit. Pourquoi remettrait-on cela en doute ?

Cela est à mettre en totale opposition avec le monde qui entoure la plupart d’entre nous depuis notre plus tendre enfance où l’on nous a répété inlassablement que nous ne pouvions pas, que nous n’étions pas capable de faire ci ou ça.

Son environnement familial a ainsi conditionné sa réussite en le sortant du « système ».

Elle a poussé Tiger Woods à s’extraire lui-même de la norme, de ses camarades pour n’avoir au final aucun ami si ce n’était son père jusqu’à sa mort.

Sa mère, Kultida a tout fait pour lui faciliter également la vie pour qu’il n’est qu’à se concentrer sur son activité favorite. Sortir les poubelles, faire son lit, ranger sa chambre sont des activités basiques dont il ne soupçonnait même pas l’existence.

C’est ainsi qu’il s’est progressivement construit son propre monde, un monde où il n’y avait que lui et son jeu, où il n’entendait rien, où il pouvait se couper de toutes émotions parasites.

Cela est très intéressant car comme certains d’entre-vous l’ont précédemment souligné en commentaires des divers articles sur LeaderCast, je tends régulièrement à vous pousser à prendre le contrôle de vos émotions et surtout à ne pas y succomber.

En effet, je pense qu’il faut distinguer le plaisir du bonheur (Merci à un Futur Leader pour la vidéo à ce sujet) dans le sens où ils s’opposent littéralement.

Comme le dit très justement Robert Lustig, les plaisirs sont de courtes durées, instinctifs, matériels et solitaires ce qui mènent tout droit à l’addiction au contraire du bonheur qui est de longue durée, spirituel, lié aux interactions sociales comme le sentiment de ne faire qu’un avec le monde.

Chimiquement, ils s’opposent dans le sens où le premier déclenche des secrétions de dopamine, de plaisirs immédiats qui rendent accro ce qui expliquent par exemple la difficulté à arrêter les aliments sucrées et surtout l’escalade vers une obésité de plus en plus importante (On s’est tous demandé un jour comment certaines personnes en étaient arrivés à être si « grosses » – C’est une partie de l’explication).

A force de succomber à de petits plaisirs, il faut de plus en plus de petits plaisirs et en augmenter la fréquence et/ou les quantités pour déclencher sa dose. On devient insensible aux « doses » précédentes. C’est une escalade presque sans fin.

A l’inverse, le bonheur déclenche des secrétions de sérotonine, d’apaisement. Or, malheureusement, la dopamine et la sérotonine s’opposent. C’est pourquoi succomber à des petits plaisirs, contrairement aux fumisteries que l’on entend régulièrement, fait du mal puisqu’il va à l’encontre du bonheur et nous trompe littéralement.

Tiger Woods est donc un expert du contrôle de ses émotions puisqu’il est réputé pour n’avoir jamais été véritablement déconcentré lors d’un tournoi, à être véritablement dans sa bulle, à être dans ce que l’on appelle le Flow.

L’explication tiendrait au fait que son père l’ait entraîné psychologiquement à la manière des Navy Seals lorsqu’il était enfant à ne pas réagir à divers insultes plus ou moins importantes (Ce qui peut sembler assez incroyable mais nous ne sommes pas là pour juger).

Ainsi, tout au long de sa carrière qui n’est pas finie, Tiger Woods a identifié l’auto-satisfaction comme l’ennemi du succès. Comme j’aime à le rappeler régulièrement, je ne sais pas non plus me contenter et bien qu’avançant sur le sujet, je comprends tout à fait ce qu’il veut dire.

Se contenter, se satisfaire revient à se poser la question de pourquoi faire plus ? De pourquoi chercher le progrès ?

Je crois que la recherche du progrès provient d’une sorte de frustration, de rage que l’on a en soi ou pas. Comme dans les films Rocky, si on s’embourgeoise et que l’on estime sa vie « trop belle », alors pourquoi forcer ?

Car personne ne progresse, n’évolue s’il ne se remet pas constamment en question. Or cela ne se fait pas facilement et demande des efforts particulièrement intense ; autrement dit, ca ne tombe pas du ciel.

Tiger Woods a été élevé avec le sentiment qu’il n’existait que dans la performance. Son père, encore une fois, ne lui a témoigné verbalement de l’amour que sur les terrains de Golf lorsqu’il gagnait.

En dehors, aucun geste d’affection ou d’amour. C’est pourquoi il a toujours cru, jusqu’il y a peu qu’il ne pouvait exister qu’en performant aux yeux des autres, ce qu’il a majestueusement fait pendant un certain temps non sans mal puisqu’il s’est mis l’entièreté du monde à dos ne sachant pas témoigner d’affection ou d’attention aux personnes qui l’entouraient.

Régulièrement alors, son entourage a changé, évolué pour au final ne rester plus personne de ses débuts, s’étant fâché avec comme le démontre le livre de son ancien coach Butch Harmon qui décidé, après avoir été traité comme un moins que rien alors que cela faisait plus de 10 ans qu’ils travaillaient ensemble.

Pendant plus d’une décennie, Tiger Woods s’est ainsi senti au dessus des lois, sans témoigner le moindre respect ou presque à personne, en étant glacial, sanglant, en faisant sa propre loi dans sa propre bulle puisque ses performances extra-ordinaires surclassaient, éclipsaient ces comportements anti-humains que l’on pourrait penser pourtant innés.

Cela amène sur le devant de la scène l’importance de l’exemplarité comme moyen de convaincre.

Si je continues aujourd’hui à me remettre en question, à essayer de progresser en musculation vis à vis du Club SuperPhysique, à délivrer tous mon savoir via la Formation SuperPhysique, c’est parce que je suis convaincu que le meilleur moyen de convaincre, le seul même, est l’exemplarité.

Que si l’on ne fait que conseiller sans appliquer, cela n’a aucune valeur.

Or, quand on a un père comme Earl Woods et une mère comme Kultida Woods qui ont tout fait pour le faire se sentir différent, supérieur, investit d’une grande mission sans avoir aucun compte à rendre, cela donne forcément un individu différent qui ne comprends pas les règles de bases de la société.

Cela permet de relativiser son comportement pendant des années, ne sachant pas comment se comporter.

Une histoire racontée dans le livre est celle avec sa première petite amie qui ne savait pas qu’il était un champion de Golf tellement il était asocial dans son lycée, qu’il ne parlait à personne ce qui contrastait avec son comportement sur les terrains où il arborait une confiance absolue en ses capacités et où il se comportait à l’opposé, comme une star avec « l’arrogance » qui va avec.

Cela tient encore une nouvelle fois de son éducation dont a découlé ensuite tous ses problèmes relationnels et diverses addictions.

Car on ne peut indéfiniment gagner et être couvert par ses performances. A un moment, on est bel et bien dans ce monde qui nous entoure, même si on s’en extirpe de temps en temps pour vivre comme on l’entend.

Cela l’a amené à traiter les gens avec le plus grand des mépris, à être addictif aux relations avec les femmes afin de combler le manque affectif qu’il avait eu étant enfant et adolescent et surtout de suivre l’exemple de son père.

D’après divers psychologues, il est clairement établi qu’à l’âge adulte, nous cherchons à combler ce que nous n’avons pas eu durant l’enfance et l’adolescence et que nous sommes forcément enclin à reproduire les schémas de nos parents jusqu’à ne plus pouvoir et devoir se remettre en question, ce que je vous pousse chaque semaine à faire avec moi et que je fais également.

Je crois qu’au final, nous en sommes tous là, à revenir sur notre éducation, du moins en parti, pour découvrir qui l’on est véritablement et non pas à suivre des préceptes qui peuvent nous faire plus de mal que de bien comme cela été le cas de Tiger Woods pendant un long moment de sa vie.

A un moment, ses performances chutant à cause de problèmes physiques (le contrôle de ses émotions dont la douleur peut faire partie ne suffisait plus), ses problèmes relationnels sont apparus sur le devant de la scène pour en devenir une affaire nationale dans les plus grands journaux américains.

Quand on est au sommet et que l’on se comporte de manière infâme, nombres de personnes souhaitent vous voir chuter. Il y a clairement de la jalousie mais aussi un sentiment de justice. Personne n’étant dieu, personne n’a à se comporter ainsi.

L’exemple de Tiger Woods est donc particulièrement intéressant sur de nombreux points car il permet de se remettre en question sur ses propres faits et gestes et de montrer qu’on ne devient pas un expert, un champion, en étant comme tout le monde.

Une multitude de facteur ont été réunis, pour le pire et le meilleur, pour en faire une légende, pour être le premier sportif à gagner plus d’un milliard de dollar en sponsoring, pour avoir démocratisé la pratique du Golf alors que l’on pensait cette activité sportive destinée à une certaine caste de la population.

C’est pourquoi, c’est à chacun de nous, de remettre en question notre éducation et surtout de réfléchir à nos objectifs pour les atteindre en rapport avec les valeurs qui nous importent, que nous avons définis comme essentielles et qui nous définissent en tant qu’être humain.

Pour être son propre Leader et vivre véritablement sa vie.

Rudy

Ps : Si vous souhaitez soutenir Leadercast, ca se passe ici.

 

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