C’EST LE MONDE A L’ENVERS

Alors que le monde est actuellement secoué par le Coronavirus et que les décisions qui sont prises par nos gouvernements sont loin de faire l’unanimité, cela fait bien longtemps que le monde fonctionne à l’envers.

Depuis que je partage mes réflexions, je n’ai cessé de souligner nos comportements hasardeux.

Nous nous étonnons d’être de moins en moins en forme mais nous bougeons de moins en moins.

Nous nous étonnons d’être de plus en plus gras mais nous achetons surtout de la JunkFood.

Nous nous étonnons d’être pris pour des lapins de 6 semaines mais la vérité, c’est que nous nous comportons comme tels dans de nombreux domaines.

Nous sommes de plus en plus faibles mais « tout va bien ».

Nous sommes tellement incohérents, nous nous racontons tellement d’histoires à dormir debout que nous finissons par y croire comme s’il s’agissait de la vérité absolue alors que c’est seulement une vérité, une réalité objective que nous déterminons.

Je ne sais que trop bien qu’il ne faut pas parler de politique ou dériver sur des sujets sensibles (J’essaierais de me retenir dans la version audio), il n’empêche que nous ne nous arrangeons pas avec le temps.

Un bon exemple m’a été donné par Johnny cette semaine qui m’a posé la question suivante : « Est-ce que tu penses qu’il est préférable de se focaliser sur le parcours à réaliser ou plutôt sur le résultat ? »

Je ne pense pas me tromper et, je pense que vous serez d’accord, pour dire que ceux qui sont mis en avant, quelque soit le domaine, le sont avant tout pour leurs résultats.

Souvent, on écrit une histoire digne d’un conte de fée à rebours, une fois que le résultat s’est fait, pour faire croire à la magie.

Au lieu d’écrire progressivement son histoire, on amplifie ce que l’on appelle son « storytelling » en exagérant certains faits afin d’avoir une histoire qui donne de la motivation, du courage, qui fait rêver ceux qui arpentent le chemin.

On met l’accent sur les efforts effectués qui sont toujours très difficiles, sur le fait qu’on est parti de très bas et que ce n’est qu’à force de persévérance, d’acharnement et de travail qu’on en est là où on en est aujourd’hui.

Jamais, ca n’a été « facile » bizarrement.

Forcément, cela motive de se dire que quelqu’un a réussi alors qu’il était dans notre situation actuelle, voir encore plus bas.

Que oui, c’est possible, que tout est possible. L’impossible n’existe pas, sic.

La vérité, vous la connaissez aussi bien que moi, c’est que le monde est injuste et que pour une personne qui bat le record du monde, des milliers, si ce n’est des millions ne seront jamais « champions ».

Alors on encense le champion qui n’est autre que la résultante du travail bien évidemment mais aussi de son hérédité, de sa génétique, de ses antécédents et des circonstances.

En musculation, de nombreuses personnes qui semblaient avoir un faible potentiel au départ se sont bien développées parce qu’il est extrêmement difficile de prédire la marge de progrès.

On peut certes dire qu’une personne a les muscles longs, a les meilleurs leviers osseux qui soient mais cela ne suffit pas à faire un champion.

Il faut bien plus que cela (Cf le Tome 1 et 2 de la Méthode SuperPhysique).

On le voit bien d’ailleurs que lorsque quelqu’un est trop « doué » dans une activité, il ne persévère pas et abandonne rapidement parce qu’il n’y a pas le défi de progresser. C’est trop facile.

J’ai vu défilé depuis mes débuts en musculation de nombreuses étoiles filantes qui étaient beaucoup plus doués que moi et qui ont fini par arrêter.

En un sens, il faudrait être « doué » sans être trop doué mais comme on ne choisit pas…

Il faudrait avoir quelques problèmes pour avoir besoin de s’intéresser au fonctionnement du corps humain.

Il faudrait quelques blessures réversibles, juste ce qu’il faut, pour se former et devenir plus compétent.

Il faudrait la bonne dose de défi afin de rester alerte et motivé.

Dans un des tout premiers articles sur mon site SuperPhysique, j’avais expliqué les déterminants du potentiel en musculation et l’un deux était et est toujours la capacité à se surpasser, cet aspect mental que l’on nomme parfois volonté et qui permet de continuer, de se transcender lorsque cela devient difficile quand la majorité arrête.

J’avais tendance à résumer cela à l’époque par une simple phrase : « Soit tu veux du muscle, soit tu n’en veux pas ».

Tout un état d’esprit en somme.

Malgré tout, cela ne suffit pas. Si vous n’avez pas la génétique, la morpho-anatomie, un système nerveux performant et une résistance physique à toute épreuve, vous ne deviendrez jamais un champion.

Est-ce pour autant, pour cela, que vous n’êtes pas un champion ? Notamment dans la tête et dans vos actions ? (Cf le livre « Champion dans la tête« , un must à lire absolument).

Que vous ne méritez pas que l’on s’intéresse à vous ? Que l’on vous considère ?

Seuls les meilleurs ont-ils le droit à la parole, à être mis sur un piédestal ?

Est-ce normal que l’on mette les félicitations à un élève qui n’en glande pas une mais qui a de bonnes notes comme c’était mon cas ? Bien sur que non.

C’est pourquoi et cela m’est d’ailleurs souvent reproché,  via mon projet du Club SuperPhysique, de ne jamais mettre en avant les « meilleurs » au détriment de ceux qui sont moins « bons »

Je tiens à une égalité, à une équité.

Je tiens à un monde différent, à un monde plus « réaliste », plus humain.

J’estime que le chemin est plus intéressant que le résultat, que celui qui n’est vraiment pas doué (je le sais assez rapidement en musculation) a tout autant de mérite, si ce n’est plus que celui qui est sur la première marche du podium.

Est-ce forcément celui qui fait les choses au mieux qui est premier ? Evidemment que non.

L’un des problèmes à mes yeux étant de prendre ces « exceptions » comme modèle et d’essayer de faire de même.

Pourtant, vous vous doutez bien qu’il ne s’agit pas de manger du poulet frit pour battre le record du monde du 100 m.

J’estime que le parcours est plus intéressant que le résultat et que l’on a bien plus à apprendre de ceux qui ne sont pas « champions » aux yeux de tous mais qui agissent comme tels, qui mettent tout en place pour progresser.

Une phrase qui revient régulièrement dit : « Visez le progrès, pas la perfection ».

Comme on atteint jamais la perfection, que je comparerais ici à être « premier », si l’on vise cela, on ne peut qu’être déçu car on n’a aucun contrôle sur qui on « affronte », sur ce qu’ils font dans l’ombre.

Une des dérives en sport est le dopage ce qui n’a rien d’étonnant vu les masses d’argent colossales en jeu.

Cela me rappelle qu’au collège, étant plutôt « doué » en allemand, je visais toujours le 20/20 que je ne réussissais jamais à voir (J’avais toujours 19 ou 19.5).

Un jour, j’ai fini par l’avoir mais celui-ci n’était pas mérité (à mes yeux), c’était plutôt un cadeau de fin d’année de la professeure.

Toutefois, même si cela avait mérité, je n’aurais pas spécialement été heureux, car même si je courais après, j’étais bien plus excité par cette course que par le résultat.

C’était le chemin, le défi qui me motivait.

Le fait d’échouer de peu m’imposait un défi suffisant qui me surmotivait à travailler en vu des différents contrôles.

On voit là l’importance de se fixer des objectifs réalistes pour rester dans le « move ».

C’est en ce sens que de nombreux sportifs de haut niveaux après l’atteinte d’un objectif comme un titre Olympique font une sorte de burnout, ont le blues après celui-ci.

Comment repartir surmotivé lorsque l’on a atteint ce pour quoi on se démenait nuit et jour ?

Nous pourrions limite prendre cela comme un « cadeau » de finir deuxième.

Bien sur, la réponse est de se fixer un nouvel objectif mais lorsque l’on est en haut de son propre monde, difficile de faire mieux.

On peut viser de conserver son titre. J’avoue que j’aurais du mal.

Par contre, on peut décider comme l’expliquait Bob Bowman, l’entraîneur de Michael Phelps, dans son livre « Les règles d’or de l’excellence« , de se battre soi-même, de viser le progrès, une amélioration de soi-même.

L’objectif de la place n’est pas un objectif, cela dépend de paramètres qui sont hors de contrôles.

On peut courir après un temps, un projet, un nombre d’article…

L’erreur est toujours, selon moi, de se comparer uniquement aux autres, d’être en compétition avec autrui.

La compétition est contre soi-même, même si cela fait plaisir de gagner contre les autres. Ils n’empêchent que l’on gagne ensemble, avec ses « adversaires » et non seul (Cf ce Leadercast).

Si ce qui motive, c’est de gagner contre les autres, le retour à la réalité risque d’être brutal lorsque meilleur que soi apparaîtra et que les années passeront.

Pour revenir à notre sujet, je pense qu’il s’agit d’un problème d’éducation.

On ne nous enseigne pas le goût de l’apprentissage, le goût du progrès, de l’amélioration.

A l’école, on ne valorise que les premiers, que les meilleures notes et à l’âge adulte, c’est la même chose.

Le dernier est moqué, parfois ridiculisé. On ne lui accorde pas d’attention, comme s’il n’existait pas ou presque.

On le catégorise comme un cancre et cette étiquette peut le suivre toute sa vie.

Qui attend le dernier d’une course à part ses proches et les officiels ? Qui l’applaudit ? Qui lui demande son ressenti ? Qui fait même attention à lui ?

Par contre, on met en valeur les premiers comme modèle à tel point que cela en est ridicule à mes yeux, que c’est une honte.

Une telle différence de « valeur », de traitement entre deux individus qui font la même activité ?

Durant nos premières années d’école, on n’apprend pas à se remettre en question, à faire le point.

On ne valorise que nos résultats alors que nos progrès sont bien plus importants.

On idolâtre le meilleur, seulement le meilleur et on l’affecte de toutes les qualités possibles et inimaginables.

Le deuxième et les autres n’ont, par contre, pas gagné, parce qu’ils n’ont pas fait ce qu’il fallait. Ils ont trop de « défauts ».

On n’a pas envie de croire que le champion ne fait pas tout ce qu’il faut pour gagner et que c’est un « coup » de chance de la nature.

On veut croire au travail, jour et nuit, aux sacrifices, a l’abnégation mais ce n’est pas la vérité.

Ce ne sont pas des êtres parfaits. Ils sont comme nous ou presque.

Parfois, ils sont même moins investis.

Mais la vie est injuste (Calimero avait raison, Cf ce LeaderCast) et très peu sont nés pour être premier.

Cela est d’autant plus une raison, pour moi, d’ouvrir les yeux et de ne pas se raconter de fausses histoires sur les « premiers ».

Ce qui me fait personnellement vibrer, ce n’est pas de battre mon record.

C’est tout le processus pour y arriver.

D’ailleurs, je suis assez convaincu que pour chacun d’entre-nous, pour avoir des résultats, il faut avant tout prendre du plaisir dans ce que l’on fait, le résultat n’étant qu’un effet secondaire.

Si on souhaite écrire un livre mais que l’on n’aime pas écrire, il faut tout de suite oublier.

Si l’on souhaite devenir riche mais que l’on n’aime pas travailler, ce que l’on fait, c’est très mal parti.

Si l’on n’aime pas s’entraîner dans une activité, jamais on ne progressera véritablement.

Il faut aimer le processus et en plus, échouer régulièrement, pour pouvoir se remettre en question et rester motivé.

Celui qui ne fait que réussir, qui ne rencontre jamais d’embûches, finira dans, la plupart des cas, par abandonner et changer d’activité.

Pour conclure, je souhaiterais que l’on accorde plus de considérations à ceux que je considère comme de vrais champions :

A ceux qui font au mieux pour atteindre leurs objectifs et qui ne seront peut être jamais premiers.

A ceux qui ne renoncent pas malgré les échecs, les déceptions et les difficultés.

A ceux qui se donnent les moyens de leurs ambitions, peu importe le résultat.

Si l’on apprend pas, si on n’intègre pas que c’est le chemin, le processus qui est le bonheur, qui est l’épanouissement jour après jour, alors on peut passer toute sa vie à courir après une chimère pour se rendre compte qu’une fois qu’on l’atteint, que finalement, c’est « bien » vide après.

C’est pourquoi aimer ce que l’on fait est primordial.

Rudy

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