LA MOTIVATION 3.0

Il y a bien longtemps, j’avais écrit un article sur ce qui nous motivait.

J’avais distingué la motivation intrinsèque de la motivation extrinsèque.

Par exemple, on peut faire de la musculation parce que l’on se se plaît pas, pour se plaire mais on peut aussi faire de la musculation pour plaire à autrui.

Rarement, les motivations ne sont à classer que dans une catégorie uniquement et les deux sont imbriquées.

On fait pour se récompenser soi-même mais aussi pour être récompensé par autrui, comme ici, on pourrait l’imaginer, par un compliment, une validation, une reconnaissance.

On désire une certaine reconnaissance.

Cette semaine, profitant du temps que j’ai en cette période de confinement, j’en ai profité pour lire le livre « La vérité sur ce qui nous motive« .

Avant d’acheter un livre, si on ne me l’a pas recommandé, je regarde toujours les commentaires.

Je me disais « Encore un livre sur la motivation, en ai-je vraiment besoin, moi qui suis déjà super motivé ? » mais les commentaires me laissaient perplexe et m’intriguaient.

Il m’arrive d’en avoir marre de tous ces livres sur le développement personnel car j’ai l’impression que tous se répètent. J’avais d’ailleurs bien cela en tête au moment d’écrire mon livre « The Leader Project » pour faire quelque chose de différent et qui apporterait de la valeur.

Vous devez savoir que notre société fonctionnent essentiellement suivant le principe de la tâche et de la récompense.

Dans le monde du travail, si nous faisions A, nous obtenons B.

Au moment de l’esclavagisme, si on ne faisait pas A, on pouvait avoir C, c’est la dire la punition et prendre un coup de bâton.

Je crois même que nos parents ont connu les coups de bâton sur les doigts à l’école. J’ai, pour ma part, connu le fait d’aller au « coin ».

En tant qu’adulte, la punition est de se faire licencier, de perdre son travail.

La société fonctionne donc surtout sur le mode de la récompense extrinsèque.

Pour s’en convaincre, c’est assez simple, il suffit de se demander si, en obtenant B, c’est à dire votre salaire, vous feriez quand même A. Sans surprise aucune, beaucoup ne feraient plus A.

Loin d’être devin, nous sommes tous amenés à nous demander de quoi l’avenir du travail sera fait. Il me semble évident que toutes les tâches qui peuvent être automatisées le seront.

Les métiers de l’assurance, de la banque, du comptable, de conducteur de train, du « supermarché »… ne seront qu’un vague souvenir d’ici quelques dizaines d’années.

Tout ce qui pourra être fait par un robot, un algorithme, une IA sera fait. Certains parlent même d’une future société de loisirs et d’un salaire universel minimum.

Le monde du travail fonctionne presque toujours suivant le même schéma : Je fais A, c’est à dire une tâche répétitive et barbante et j’obtiens B, un salaire au taux horaires.

Je sacrifie de mon temps, ma vie pour une récompense, qui dans la plupart des cas, ne me permettra pas de sortir de ce système du serpent qui se mord la queue dans un monde qui pousse à la consommation et dont la majorité accoure.

Vous devez savoir que le mot « travail » provient du latin « Tripalium » qui était un instrument de torture et que l’on peut donc traduire par souffrance.

Aujourd’hui, je crois plus que jamais que ce système n’est plus le bon.

Cela fait bien longtemps que je milite pour la « responsabilisation » de chacun et surtout pour sortir de cette « vente » de son temps contre une récompense souvent insignifiante en rapport.

Je crois que demain, le monde du travail, et cela a déjà commencé, sera fait de créativité, d’innovations, d’art.

Nous le voyons déjà en un sens que ce ne sont pas ceux qui travaillent le plus qui ont le plus d’argent et encore moins la vie la plus heureuse.

On a même l’impression que c’est (presque) inversement proportionnel.

Et c’est normal. Si on fait chaque jour ce que l’on n’aime pas, aucune récompense extrinsèque ne saurait compenser cela.

C’est pourquoi demain, il faudra tenir compte qu’une troisième motivation, de la motivation 3.0.

Il ne s’agit plus de faire pour avoir.

Il ne s’agit plus de se sacrifier consciemment pour avoir quelques miettes.

Il s’agit de comprendre que l’être humain n’est jamais aussi efficace, aussi intelligent, aussi bon que lorsqu’il réalise des activités autotéliques.

De la même manière que les écoles alternatives, un enfant n’apprend jamais autant que lorsqu’il fait ce qu’il a envie, quand il le veut, comment il le veut avec qui il le veut.

A un moment, je ne sais pas ce qu’il se passe mais il parait que nous « devenons » adulte et qu’alors, nous devons faire des tâches ingrates, nous devons gâcher notre potentiel de faire le « bien » autour de nous, d’être heureux, de transmettre des ondes positives.

Pour moi, être adulte, ce n’est pas rentré dans un moule et encore moins dans celui que l’on attend de nous.

Qui que vous soyez, vous n’êtes jamais aussi heureux que lorsque vous faites ce que vous avez envie dans le sens où la réussite de la tâche constitue la récompense intrinsèque, l’activité étant sa propre récompense.

A la manière du Flow, du moment présent, être là maintenant en train de faire est suffisant, est plus que suffisant en dehors de toute récompense externe.

Chaque être humain aspire à la motivation 3.0 que nomme Daniel Pink dans son livre la motivation véritable, c’est à dire l’autonomie, la maîtrise des choses et la finalité.

En soi, nous aspirons à contrôler nos vies et quiconque nous en empêche nous prive de bonheur.

Le monde de demain sera celui de la créativité, à l’aide d’activité autotélique, d’épanouissement car on n’est jamais aussi productif, efficace, bon, je ne sais comment dire, que lorsque l’on fait quelque chose sans enjeu.

Lorsqu’il y a enjeu, il y a pression. Lorsque l’on nous demande de trouver une nouvelle idée pour telle date, telle heure, cela nous stresse exagérément et limite notre créativité.

C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles je n’aime pas les rendez-vous, les horaires imposées. Je ne fais plus qu’y penser après.

Je trouve mes meilleurs idées quand je ne pense pas à trouver des idées, quand je ne suis pas sous pression et que je fais souvent une activité n’ayant rien à voir, mon inconscient faisant le travail pour moi.

Si vous faites une activité que vous aimez et que l’on vous dit que vous serez payé pour alors que vous ne l’étiez pas jusqu’à présent, vous perdrez de votre intérêt pour dans le sens ou la récompense limite l’action, la réflexion.

Nous savions que la réflexion limitait l’action, son intensité mais la récompense également.

Vous connaissez sans doute la peur de gagner, vous l’avez-peut être déjà expérimenté.

Je m’en souviens car cela m’arrivait souvent quand je jouais au tennis de table (j’en fais fait 2 ans de 8 à 10 ans).

Dans le moment présent, je jouais et tout passait et puis arrivait à un moment où je pensais à la récompense, à la victoire et je mettais tout dans le filet ou tout dehors.

Je finissais par perdre alors que la victoire était à portée car je considérais que gagner était une récompense. Cela m’inhibait.

Dans les faits, d’expérience, comme nous l’avions vu dans ce LeaderCast, ce sont les moins motivés à rechercher les récompenses extrinsèques qui les reçoivent au bout du compte.

Dans le monde de l’entreprise, dans la majorité en tout cas, on cherche à nous contrôler et ainsi, sans le savoir, à limiter nos possibilités.

Je ne le sais que trop bien, c’est pendant notre temps libre, sans contrainte, que surviennent nos meilleures idées et parfois celles qui vont « révolutionner » le monde pour certains.

C’est ainsi que certaines entreprises ont commencé à mettre en place des jours libres.

Au lieu de travailler à 100% et d’être payé à 100 %, vous ne devez plus travailler que 80% tout en étant toujours payé à 100% et vous avez carte blanche pour faire ce que vous voulez pendant les vingts autres pourcents.

Au lieu d’être « assigné à résidence » pendant 8 heures derrière un ordinateur, vous avez alors un objectif de résultat, de travail, de tâches à accomplir.

Certains pourraient s’attendre à un ralentissement de la productivité de l’entreprise mais au contraire, chaque entreprise qui a mis cela en place connaît un accroissement de celle-ci.

Pourquoi ?

Parce que, comme nos capacités d’attention, de créativité, de productivité sont limitées à environ 4 heures par jour, le fonctionnement actuel de faire 8 heures par jour et d’être payé au taux horaire est une hérésie complète.

En étant plus autonome qui ne signifie pas forcément être indépendant, on est plus libéré et alors la motivation 3.0 peut se mettre en place sans bridage.

On n’est jamais aussi bon que lorsque l’on est impliqué dans ce que l’on fait.

Être un simple exécutant pour la récompense fait de vous quelqu’un de remplaçable dans un monde qui va tourner et qui tourne déjà dans certains domaines à une course à la créativité, aux idées.

Tous les métiers réalisés par des humains vont passer de la tâche mécanique à la tâche créative, c’est une certitude.

Comme le disait le poète britannique W.H. Auden : « Vous n’avez pas besoin de voir ce que quelqu’un fait pour savoir si c’est sa vocation. Il vous suffit d’observer ses yeux : Un cuisinier mélangeant une sauve, un chirurgien pratiquant une première incision… arborent le même air absorbé, s’oubliant eux-mêmes dans une fonction. Quelle beauté dans ce regard tourné vers un objet. »

Souvent, nous pensons que nous sommes doués pour quelque chose et pas doués pour une ou plusieurs activités.

Nous pensons que les choses sont ainsi, figées.

Mais la vérité est que nous avons des capacités d’apprentissage insoupçonnées.

Est-ce que tout le monde peut tout apprendre ? Oui à condition de se trouver dans ce flow, ce moment présent, cette motivation 3.0. En clair, que l’activité lui plaise et qu’il s’y perde sans y penser.

Ce n’est pas la pratique qui rend bon. Ce n’est pas de faire 10 000 heures en soi. C’est la pratique délibérée, c’est la pratique sans y penser, c’est la pratique enjouée sans même voir les heures passées.

Nous devenons tous bon dans ce qui nous importe si nous prenons le temps de faire ce que nous avons envie de faire sans carotte au bout, sans même penser à la possibilité d’une carotte au bout.

C’est comme ça qu’on devient le meilleur, sa meilleure version.

Ce n’est pas quelque chose que l’on décide vraiment, c’est plutôt du temps que l’on s’accorde à ne rien faire d’obligatoire.

On vise l’apprentissage, on croit en l’amélioration.

Ce n’est pas parce que je n’y arrive pas aujourd’hui que je n’y arriverais pas demain.

Je crois, que le dit Mihaly Csikszentmihalyi, l’auteur du livre « Flow » que l’on ne peut pas vivre une vie vraiment excellente sans avoir le sentiment que l’on appartient à quelque chose de plus grand et de plus permanent que soi-même

Et en même temps, comme le dit, l’ancien basketteur pro Julius Erwing : « Être un professionnel, c’est faire ce que l’on aime les jours où on n’a pas envie de le faire ».

Je crois que tout le monde peut être créatif, peut avoir des idées, à condition de ne pas être brider.

Je crois que demain, le système d’être payé à l’heure disparaîtra car celui-ci n’a aucun sens et que nous serons payé vis à vis d’une tâche, d’un résultat.

Si je demande à mon Webmaster de refaire mon site, je ne lui demande pas combien d’heures il va passer dessus pour calculer le « bon » taux horaire selon-moi.

Lorsque Gaelle gère mes publicités sur les réseaux sociaux me dit, c’est tant, c’est tant. Je paie un résultat, pour une rentabilité, peu importe le temps qu’elle y passe.

A l’avenir, nous serons payé pour nos compétences, pas pour notre temps.

Mais pour acquérir des compétences, il faut du temps et faire ce que l’on aime, sans limite ou presque.

Alors, on deviendra compétent sans y penser, spécialiste sans l’avoir voulu, expert sans jamais que cela ait été un objectif tout en étant heureux.

Finalement, comme je le dis souvent, les choses doivent se faire naturellement.

Si on doit les forcer, c’est mauvais signe.

A croire que la réussite s’achète, a des secrets, on en oublie tous le processus d’apprentissage qui doit faire plaisir pour s’oublier dedans.

« La science montre que le secret pour être brillant n’est ni notre motivation biologique, ni le système des récompenses et des punitions, mais notre troisième type de motivation : Notre profond désir de diriger notre propre vie, d’accroître et de diversifier nos capacités et de donner un sens à notre vie. » (Extrait du livre « La vérité sur ce qui nous motive« )

Alors, êtes-vous vraiment motivé ou pas ?

Rudy

PS : Comment faire les choses naturellement ? Ca commence par un bon départ (Gratuit).

Facebook
Twitter
LinkedIn
Email
WhatsApp