Sagesse

La semaine dernière, alors que je venais de finir d’enregistrer mon Podcast, Mourad, mon élève, présent à la Villa SuperPhysique pour quelques jours me dit que souvent, quand je partageais mes réflexions, il se faisait les mêmes quelques jours auparavant.

Nous discutâmes alors de cette drôle de synchronisation des pensées, des sujets sur lesquels nous réfléchissons car ce n’est pas la première fois que je remarque cette sorte de synchronicité.

Souvent, alors que je viens de finir de vider mon sac sur un sujet, un ou plusieurs de mes amis me parlent du même sujet et aboutissent aux mêmes conclusions, ce qui est assez « drôle » si on réfléchit bien, comme si tout était dans l’air.

C’est pourquoi cette semaine, j’aimerais vous partager une histoire.

Je ne la connaissais pas et c’est Mourad qui me l’a fait découvrir. J’imagine que certains d’entre-vous en sont au même « niveau » dans leurs vies ou vont y arriver sous peu.

Je trouve qu’elle illustre bien les différentes étapes par lesquelles nous devons / passons tous au fur et à mesure de la vie.

Cette histoire se nomme « Les trois portes de la sagesse ». Je la reprends du site Metafora pour plus de clarté.

« Un Roi avait pour fils unique un jeune Prince courageux, habile et intelligent. Pour parfaire son apprentissage de la Vie, il l’envoya auprès d’un Vieux Sage.

– Éclaire-moi sur le Chemin de la Vie, demanda le Prince.

– Mes paroles s’évanouiront comme les traces de tes pas dans le sable, répondit le Sage. Cependant je veux bien te donner quelques indications. Sur ta route, tu trouveras trois portes. Lis les préceptes inscrits sur chacune d’elles. Un besoin irrésistible te poussera à les suivre. Ne cherche pas à t’en détourner, car tu serais condamné à revivre sans cesse ce que tu aurais fui. Je ne puis t’en dire plus. Tu dois éprouver tout cela dans ton coeur et dans ta chair. Va, maintenant. Suis cette route, droit devant toi.

Le Vieux Sage disparut et le Prince s’engagea sur le Chemin de la Vie. Il se trouva bientôt face à une grande porte sur laquelle on pouvait lire:

“Change le Monde.”

C’était bien là mon intention, pensa le Prince, car si certaines choses me plaisent dans ce monde, d’autres ne me conviennent pas.

Et il entama son premier combat. Son idéal, sa fougue et sa vigueur le poussèrent à se confronter au monde, à entreprendre, à conquérir, à modeler la réalité selon son désir. Il y trouva le plaisir et l’ivresse du conquérant, mais pas l’apaisement du coeur. Il réussit à changer certaines choses, mais beaucoup d’autres lui résistèrent.

Bien des années passèrent. Un jour, il rencontra le Vieux Sage qui lui demanda:

– Qu’as-tu appris sur le chemin ?

– J’ai appris, répondit le Prince, à discerner ce qui est en mon pouvoir et ce qui m’échappe, ce qui dépend de moi et ce qui n’en dépend pas.

– C’est bien, dit le Vieil Homme. Utilise tes forces pour agir sur ce qui est en ton pouvoir. Oublie ce qui échappe à ton emprise. Et il disparut.

Peu après, le Prince se trouva face à une seconde porte. On pouvait y lire:

“Change les Autres.”

C’était bien là mon intention, pensa-t-il . Les autres sont source de plaisir, de joie et de satisfaction mais aussi de douleur, d’amertume et de frustration.

Et il s’insurgea contre tout ce qui pouvait le déranger ou lui déplaire chez ses semblables. Il chercha à infléchir leur caractère et à extirper leurs défauts. Ce fut là son deuxième combat. Bien des années passèrent.

Un jour, alors qu’il méditait sur l’inutilité de ses tentatives de vouloir changer les autres, il croisa le Vieux Sage qui lui demanda:

– Qu’as-tu appris sur le chemin ?

– J’ai appris, répondit le Prince, que les autres ne sont pas la cause ou la source de mes joies et de mes peines, de mes satisfactions et de mes déboires. Ils n’en sont que le révélateur ou l’occasion. C’est en moi que prennent racine toutes ces choses.

– Tu as raison, dit le Sage. Par ce qu’ils réveillent en toi, les autres te révèlent à toi-même. Sois reconnaissant envers ceux qui font vibrer en toi joie et plaisir. Mais sois-le aussi envers ceux qui font naître en toi souffrance ou frustration, car à travers eux la Vie t’enseigne ce qui te reste à apprendre et le chemin que tu dois encore parcourir.

Et le Vieil Homme disparut. Peu après, le Prince arriva devant une porte où figuraient ces mots

”Change-toi toi-même.”

Si je suis moi-même la cause de mes problèmes, c’est bien ce qui me reste à faire, se dit-il. Et il entama son troisième combat. Il chercha à infléchir son caractère, à combattre ses imperfections, à supprimer ses défauts, à changer tout ce qui ne lui plaisait pas en lui, tout ce qui ne correspondait pas à son idéal.

Après bien des années de ce combat où il connut quelque succès mais aussi des échecs et des résistances, le Prince rencontra le Sage qui lui demanda:

– Qu’as-tu appris sur le chemin ?

– J’ai appris, répondit le Prince, qu’il y a en nous des choses qu’on peut améliorer, d’autres qui nous résistent et qu’on n’arrive pas à briser.

– C’est bien, dit le Sage.

– Oui, poursuivit le Prince, mais je commence à être las de me battre contre tout, contre tous, contre moi-même. Cela ne finira-t-il jamais ? Quand trouverai-je le repos ? J’ai envie de cesser le combat, de renoncer, de tout abandonner, de lâcher prise.

– C’est justement ton prochain apprentissage, dit le Vieux Sage. Mais avant d’aller plus loin, retourne-toi et contemple le chemin parcouru. Et il disparut.

Regardant en arrière, le Prince vit dans le lointain la troisième porte et s’aperçut qu’elle portait sur sa face arrière une inscription qui disait:

“Accepte-toi toi-même.”

Le Prince s’étonna de ne point avoir vu cette inscription lorsqu’il avait franchi la porte la première fois, dans l’autre sens.
– Quand on combat, on devient aveugle se dit-il.

Il vit aussi, gisant sur le sol, éparpillé autour de lui, tout ce qu’il avait rejeté et combattu en lui: ses défauts, ses ombres, ses peurs, ses limites, tous ses vieux démons. Il apprit alors à les reconnaître, à les accepter, à les aimer. Il apprit à s’aimer lui-même sans plus se comparer, se juger, se blâmer.

Il rencontra le Vieux Sage qui lui demanda:

– Qu’as-tu appris sur le chemin ?

– J’ai appris, répondit le Prince, que détester ou refuser une partie de moi, c’est me condamner à ne jamais être en accord avec moi-même. J’ai appris à m’accepter moi-même, totalement, inconditionnellement.

– C’est bien, dit le Vieil Homme, c’est la première Sagesse. Maintenant tu peux repasser la troisième porte.

À peine arrivé de l’autre côté, le Prince aperçut au loin la face arrière de la seconde porte et y lut:

“Accepte les Autres.”

Tout autour de lui il reconnut les personnes qu’il avait côtoyées dans sa vie. Celles qu’il avait aimées et celles qu’il avait détestées. Celles qu’il avait soutenues et celles qu’il avait combattues. Mais à sa grande surprise, il était maintenant incapable de voir leurs imperfections, leurs défauts, ce qui autrefois l’avait tellement gêné et contre quoi il s’était battu.

Il rencontra à nouveau le Vieux Sage.

– Qu’as-tu appris sur le chemin ? demanda ce dernier.

– J’ai appris, répondit le Prince, qu’en étant en accord avec moi-même, je n’avais plus rien à reprocher aux autres, plus rien à craindre d’eux. J’ai appris à accepter et à aimer les autres totalement, inconditionnellement.

– C’est bien, dit le Vieux Sage. C’est la seconde Sagesse. Tu peux franchir à nouveau la deuxième porte. Arrivé de l’autre côté, le Prince aperçut la face arrière de la première porte et y lut:

“Accepte le Monde.“

Curieux, se dit-il, que je n’aie pas vu cette inscription la première fois.

Il regarda autour de lui et reconnut ce monde qu’il avait cherché à conquérir, à transformer, à changer. Il fut frappé par l’éclat et la beauté de toute chose. Par leur Perfection. C’était pourtant le même monde qu’autrefois. Était-ce le monde qui avait changé ou son regard ?

Il croisa le Vieux Sage qui lui demanda:

– Qu’as-tu appris sur le chemin ?

– J’ai appris, dit le Prince, que le monde est le miroir de mon âme. Que mon âme ne voit pas le monde, elle se voit dans le monde. Quand elle est enjouée, le monde lui semble gai. Quand elle est accablée, le monde lui semble triste. Le monde, lui, n’est ni triste ni gai. Il est là, il existe, c’est tout. Ce n’était pas le monde qui me troublait, mais l’idée que je m’en faisais. J’ai appris à l’accepter sans le juger, totalement, inconditionnellement.

– C’est la troisième Sagesse, dit le Vieil Homme. Te voilà à présent en accord avec toi-même, avec les autres et avec le Monde.

Un profond sentiment de Paix, de Sérénité, de Plénitude envahit le Prince. Le Silence l’habita.

– Tu es prêt, maintenant, à franchir le Dernier Seuil, dit le Vieux Sage, celui du passage du Silence de la Plénitude à la Plénitude du Silence.

Et le Vieil Homme disparut »

Cette histoire, elle me fait penser à la vie, à ma propre évolution, à ce dont je me rends compte.

J’ai, cette impression, que nous passons tous par ces étapes pour arriver à cette finalité.

Au début de notre existence, nous n’acceptons pas le monde qui nous entoure. Nous sommes en colère, nous ne supportons pas l’injustice.

Nous voulons rétablir l’ordre, être le justifier dont le monde a besoin.

Nous voulons changer le monde et pour cela, nous dépensons notre énergie, toute notre énergie.

Du moins, c’était comme cela pour beaucoup de mes amis lorsque j’étais adolescent et jeune adulte.

Nous étions en contestation contre tout, rebelles, surtout pas dociles.

Nous étions intolérant, tout nous révoltait.

Nous pouvions nous énerver contre tout et rien à la fois. Avoir des sautes d’humeurs violentes pour retourner au calme deux minutes après comme si de rien n’était.

Si quelqu’un se disait naturel en musculation sur un forum au début des années 2000 et qu’il était manifestement dopé, je pouvais lui tomber dessus jusqu’à ce qu’il avoue.

Je ne pouvais supporter ce mensonge, cette hypocrisie. Je me croyais devoir faire la « loi » à l’instar de Judge Dredd.

J’avais la rage et celle-ci était incontrôlable comme je la retrouve parfois chez certains « jeunes » que je côtoie qui n’arrive pas à se canaliser et qui me font penser à moi à leurs âges.

Il fallait que ca explose, que le monde change.

Puis, j’ai compris que le monde ne changerait pas.

Qu’en fait, je me répétais, répétais inlassablement.

Pendant un moment, j’en ai eu marre. Je suis devenu aigri comme certains « vieux » le sont.

J’en avais marre que rien ne change, que les mêmes conneries soient répétées sans arrêt, sans aucune évolution jusqu’à tant que je comprenne que la vie n’était qu’un éternel recommencement.

Ce que j’expliquais il y a 15 ans lors de mon tout premier article sur le sujet de la musculation est toujours d’actualité aujourd’hui pour 99.9% des gens et peut être même devenu trop compliqué puisque c’est de plus en plus la loi du moindre effort de réflexion qui sévit.

Et comme seul l’attrait du « NOUVEAU » attire, il faut bien écrire « nouveau » à chaque article que l’on partage en faisant croire à de l’inédit.

Les chiffres, derrière, vont du simple au centuple en terme de visionnage, de clic rien qu’avec ce mot sans en changer le contenu d’où mon travail de « réécriture » en fin d’année 2019.

Après cela, j’ai essayé de changer les autres, de les « sauver ».

Dès que je voyais quelqu’un qui faisait quelque chose d’incorrect dans mon domaine d’expertise, j’essayais de l’aider, sans qu’il ne soit demandeur.

Alors, je conseillais à tout va puisque le monde n’est pas changeable quoi qu’en dise les citations à la con qu’on peut lire partout.

J’ai essayé d’aider des « moineaux » (Cf ce Leadercast) en vain.

Cela me rendait fou de voir des gens qui voulaient progresser ne pas tout faire correctement, ne pas se donner les moyens de leurs ambitions.

Je ne comprenais pas alors je m’énervais, je ne faisais preuve d’aucune intelligence émotionnelle finissant par aller à l’encontre de mon but.

J’ai fini par comprendre que les autres étaient comme ils étaient et que c’était comme ca.

Que personne ne change fondamentalement après sa vingtaine comme je l’avais partagé dans l’épisode 100 de LeaderCast :

Chacun est comme il est et fait comme il le sent.

On ne peut pas forcer quelqu’un, surtout s’il n’est pas demandeur et même s’il est demandeur, c’est à lui de faire 90% du chemin.

C’est la différence en terme de résultat à terme entre l’application et l’implication.

Je suis, par exemple, bien conscient, des limites des suivis que je propose en musculation via mon site RudyCoia.com pour celui qui désirerait devenir le meilleur des meilleurs à son niveau.

Parce qu’à un moment, appliquer a ses limites, ne suffit plus.

Il faut prendre son envol et faire son propre chemin.

Il y a les bases à respecter au début, quand on débute dans n’importe quelle activité qui vont permettre d’atteindre 80% du niveau que l’on peut espérer (pour imager) et les 20% restants qui ne peuvent être atteint qu’en se prenant en main, en étant impliqué.

Ainsi, on ne change pas les autres, jamais.

Ils sont comme ils sont et nous devons les accepter.

S’ils sont voués à faire quelque chose, ils le feront.

Après, on peut toujours faire le choix de ne pas les accepter mais ne pas accepter nos différences revient finalement à vivre en ermite parce qu’on ne supporte pas autrui, qu’il soit différent alors que cela peut et doit être un « enrichissement »

C’est d’ailleurs pourquoi j’estime que je n’ai pas d’ennemi et que « j’aime » tout le monde.

Ce n’est pas parce que je ne suis pas d’accord avec autrui qu’il est mon ennemi à l’inverse de ce que pensent beaucoup dans la vie.

Ne pas être d’accord, c’est la possibilité de se remettre en question et d’essayer, je dis bien essayer, de comprendre la vision d’autrui.

Personne n’a raison ou n’a fondamentalement tort étant donné que l’on se rend compte à mesure que l’on « accroît » ses connaissances que l’on en sait de moins en moins en dehors des généralités de départ que l’on peut faire et qui ne sont, non plus, pas forcément vraies.

Puis, quand on n’arrive pas à changer les autres, on comprend qu’en fait, comme disait Gandhi, qu’il faut être le changement que l’on veut voir dans le monde.

Qu’il faut faire les choses que soi-même on recommande, parce que cela nous porte, parce que c’est notre vision de la vie.

C’est pourquoi je suis convaincu que l’exemplarité est le meilleur moyen de convaincre.

Qu’il n’y a même aucune autre façon.

Si on n’est pas le reflet de ce que l’on préconise, de son avis, alors on n’a aucune « chance » de changer les autres et encore moins le monde.

A ce moment là, la question n’est, de toute façon, plus de changer autrui mais de changer soi-même.

On se met à se rendre compte que cela n’est pas si facile de changer, qu’on a été bien présomptueux de vouloir changer le monde lorsque l’on se heurte à une sorte de résistance intérieure à notre propre changement.

Nous sommes, comme disait Albert Jacquart, le reflet des liens que nous tissons.

Comme nous avons, au cours de notre vie, tisser des liens et cela de plus en plus au fil des années qui passent, nous sommes un enchevêtrement unique difficile à démêler et surtout à changer.

Nous finissons par dire « Je suis comme ci », « Je suis comme ça » parce que l’on n’arrive pas à changer.

Au début, on peut en arriver à se juger, à se dire que l’on est une mauvaise personne sur un point et une très bonne personne sur un autre.

Mais finalement, nous en arrivons à ne plus nous juger.

Nous sommes tout court.

Les autres sont et le monde est.

Alors nous arrêtons de juger autrui et nous nous concentrons sur ce que nous pouvons faire pour être heureux.

Nous portons moins d’attention au monde qui nous entoure au sens large du terme et partageons avec ceux qui veulent partager.

J’oserais dire que nous finissons par « être amour » mais j’imagine que cela fait trop gnangnan ?

Nos jugements s’effondrent et nous ne sommes plus en compétition avec autrui.

Malgré tout, je pense qu’il reste une étape et un incohérence que j’essaie de résoudre : Celui du contentement vis à vis de soi-même.

Il me semble qu’à partir d’un moment, si on accepte « tout », comment se lever le matin ?

Si l’on ne cherche plus à changer, ne recherche-t-on plus à progresser ?

Alors quel est le but ? Comment ne pas vouloir plus ?

Voici où j’en suis aujourd’hui car je ne saurais, comme j’en parlais hier avec Cindy avec qui je participe ce week end au championnat de France de rameur (ainsi qu’avec Simon et Paul du Club d’Evian), qu’il est difficile de faire sans objectif.

Si nous acceptons tout, alors qu’est ce qui a de l’importance ?

De mon point de vue aujourd’hui, c’est justement le fait de ne pas accepter certaines choses qui fait que nous faisons, que nous essayons de faire plus.

Sinon à quoi bon « vivre » ?

J’exagère peut être mais voici le dilemme.

Peut être qu’à un moment, on atteint cette sagesse parce qu’on n’a plus le choix ? Qu’on ne peut pas faire mieux et que l’on s’y résout ? Mais est-ce alors vraiment la sagesse avec un grand S ?

Peut être aussi que certains l’atteignent par choix. Je suis curieux de savoir si c’est le cas et surtout comment ?

Si l’on croit à la prédétermination comme j’expliquais dans ce LeaderCast, pour de vrai, alors je peux le concevoir, qu’on soit moins dans le combat contre soi-même.

Mais sinon ? Si on n’y croit pas ? Si on croit à des valeurs telles que le mérite, le travail, le choix ?

Je n’ai « malheureusement » ou « heureusement » pas la réponse.

Sait-on jamais, qu’un jour, je comprenne, si j’y suis destiné.

Rudy

PS : Si cet article vous a plu, merci de votre soutien.

8 réponses
  1. Romain Colas
    Romain Colas dit :

    Je suis moi-même récemment entré dans la vingtaine et je me reconnais parfois lorsque tu dis que l’on s’indigne rapidement et que cela reste passager. Au final on s’emporte pour rien et on cherche à changer ce qui ne peut être changé ou ce qui n’en vaut pas la peine.

    Tout comme tu le faisais à l’époque, je m’énerve des fois tout seul derrière mon ordinateur lorsque je lis des inepties propagées à tout va par des personnes qui n’ont pas cherché à comprendre le pourquoi du comment. Je m’énerve alors et commence à rédiger une réponse bien salée, puis, je me rends compte de ma propre bêtise et réalise que cela n’en vaut pas la peine. J’arrête alors pas rédaction et supprime le tout. Il y à une phrase de Gundill qui raisonne toujours dans ma tête disant que chacun est responsable des informations et sources qu’il prend pour acquis. J’imagine alors que si les gens sont vraiment intéressés par un sujet, ils finiront par tomber sur des sources fiables et cohérentes. D’après ma copine j’ai l’habitude d’être assez virulent dans mes prises de position bien que je sache aussi quand m’abstenir lorsque j’estime ne pas avoir de légitimité ou une opinion peu étayée. J’essais parfois de me modérer mais je me dis « à quoi bon ? ». A quoi bon faire comme si tout allait bien ? Après tout, « qui ne dit rien consent ».

    Ce que j’ai trouvé de mieux à faire, et parce que je ne sais pas encore faire autrement, c’est de mettre des œillères et avancer sur mon chemin sans me préoccuper de ce qu’il se passe autour. Après tout, les personnes avec qui nous pouvons le mieux partager et échanger sont ceux que nous rencontrerons sur ce même chemin.

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  2. Lucien Aeon
    Lucien Aeon dit :

    Ce podcast m’a particulièrement parlé parce que j’ai l’impression d’être déjà passé par toutes ses étapes.

    Je suis d’accord avec toi sur le fait que si on accepte tout ce qui nous arrive, le monde dans lequel on vit ainsi que qui on est, rien ne sert de se lever le matin. La petite fable que tu as relaté est intéressante, mais à mon humble opinion la vraie sagesse ne serait pas de tout accepter, à moins de vivre en ermite au sommet d’une montagne (et dans la neige pour l’effet dramatique ^^).

    A mon avis, il ne faut vraiment pas se résigner à vouloir changer le monde, changer les autres ou se changer soi-même. Il faut par contre savoir prendre du recul et savoir se préserver émotionnellement si on échoue.
    Par exemple j’ai discuté avec un de mes collègues qui voulait perdre du poids. Il faisait tout et n’importe quoi (alimentation déséquilibrée au possible, saut de repas etc) et obtenait donc des résultats éphémères et peu satisfaisants. Étant donné qu’il m’a demandé conseil (et donc que pour moi il a dépassé l’étape du moineau) je lui ai expliqué quelques notions de diététique de base, on verra s’il les applique ou pas. Au final s’il applique ce que je lui ai dit et qu’il progresse bien, je lui donnerai d’autres conseils plus avancés. S’il ne fait rien je n’investirai pas plus mon temps et mon énergie sur cet aspect diététique / perte de poids avec lui.

    Sinon je pense qu’il est vraiment possible de se changer soi-même à tout âge. Il faut cependant prendre du temps et que ce soit un idéal, c’est à dire un objectif à atteindre à long terme. Et il faut également être patient avec soi-même, et accepter que parfois nos anciens « vices » puisse revenir, à conditions qu’ils reviennent de plus en plus rarement. Pour ma part j’avais souvent tendance à m’emporter facilement lorsque j’étais confronté à l’imprévu. Au bout de quelques années de travail sur moi-même, j’arrive à ne pas m’énerver environ 90% du temps dans ce genre de situation, alors qu’auparavant je m’énervais systématiquement. Et ce n’est même pas du self contrôle, je ne ressens vraiment plus d’énervement. Mais ça m’a pris un bout de temps, avec quelques échecs…

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  3. Michael Parisi
    Michael Parisi dit :

    Merci pour la fable Mourad,
    C’est exactement les étapes que j’ai suivi ou que je suis au cours de ma vie. C’est vraiment un éternel recommencement, on a tendance à se faire à l’idée qu’on est presque unique mais ça n’est pas si vrai que cela.
    Le fait de connaitre les différentes étapes de la perception de la vie m’aideront à les franchir, mais je pense que tant que l’on n’est pas prêt à ouvrir la porte suivante elle reste verrouillée.
    Même si l’on possède le code d’entrée, le passage à l’évolution suivante reste inaccessible.
    Je me demande d’ailleurs si il est réellement important de parvenir à l’étape ultime ? Peut -être ai je envie de croire que ça ne l’est pas, car je me sens incapable d’y arriver pour l’instant.

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  4. Jonathan
    Jonathan dit :

    Je pense que c’est un des podcast qui m’a amené à créer le plus de liaisons neuronales ahah. Je vais essayer de synthétiser mais je vais sûrement en oublier la moitié.
    Déjà je trouve que cette fable est géniale, merci Mourad, j’ai moi aussi eu l’impression en la lisant que ça retraçait en quelque sorte le chemin sur lequel je suis.

    Quand j’étais plus jeune j’avais comme un trop plein d’émotion et surtout une fureur contre ce monde que je ne comprenais pas. C’est marrant parce que j’avais aussi beaucoup cette tendance à exploser d’un coup. A me laisser emporter par mes émotions.

    Avec le temps j’ai ensuite appris à lâcher prise, à mieux appréhender mes émotions. J’ai appris à laisser couler ce dont je n’ai pas le contrôle. Sachant que l’on a le contrôle sur deux choses : nos émotions et nos actions, et aucun pouvoir sur ce que peuvent penser ou faire les autres. A partir du moment où d’autres sont impliqués on perd une partie du contrôle.

    L’étape de changer les autres a été assez douloureuse pour moi. Elle a même finalement conduit à une séparation. A partir de ce moment j’ai ressenti comme un fossé qui se creusait entre moi et les autres, et j’ai tenter de les sauver. J’ai eu clairement le syndrome du sauveur. Pour moi ils allaient dans la mauvaise direction.

    Quand j’ai commencé à faire des choix qui étaient différents et qui selon ma vision étaient « meilleurs », j’ai essayé d’imposer cette vision et ces choix, alors que ça n’est que ma vérité et mon chemin.

    Au final je sais que quand je vois les défauts et les imperfections des autres j’occulte une partie de leur personnalité, je les regarde avec mon système de valeurs et le biais de négativité de mon cerveau se charge de me montrer principalement le négatif. Nous sommes comme des pièces de monnaies, un coté face, un coté pile. Pour chaque trait de caractère nous avons le trait opposé (c’est la dualité des choses).

    Objectivement je pense que je ne suis pas au bout de mon chemin (est ce que l’on y arrive un jour ?), je pense que je suis encore dans l’étape où tourné vers moi-même j’essaye de surmonter mes peurs, les challenges auxquels je fais face.

    Tu pose plusieurs questions qui sont vraiment pertinentes. Notamment est ce que l’on arrive au bout un jour et si l’on accepte tout à quoi ça sert de se lever le matin.

    Je pense que justement on ne peut pas tout accepter, qu’on le veuille ou non il y aura toujours des choses que l’on n’acceptera pas, des choses qui seront négociables et d’autres non.

    Il y aura toujours des boutons, des « triggers » qui activeront certaines de nos émotions de manière plus forte.

    Je pense qu’il est aussi humain de vouloir évoluer, se dépasser, avoir des challenges, des buts. C’est aussi ce qui donne le piquant à la vie. Sinon à quoi bon. Selon moi il ne faut pas confondre accepter et se résigner 🙂

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    • Jerome B
      Jerome B dit :

      Encore une fois, j’ai l’impression de vivre exactement tout ce qui se raconte ici.
      Je me séparais la veille de l’article de Rudy « Pourquoi ne pas s’engager », et cela pour les mêmes raison que tu évoque Jonathan . Parfois il y a de bizarres coïncidences.

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  5. RENAUD Olivier
    RENAUD Olivier dit :

    Souvent les histoires de sagesse afin de briser nos pensées communes forcent le trait, sont volontairement extrêmes. La réalité, elle, est faite de nuances.
    Dans cette histoire, il s’agit d’acceptation, voir le monde, les autres et soi-même tels qu’ils sont avec tolérance et bienveillance. Mais aussi accepter qu’il y a des choses sur lesquelles on a prise et d’autres pas. On peut entreprendre de changer ces premières, bien que cela demande souvent du temps. Accepter la complexité du monde c’est pouvoir mener ce travail de changement plus paisiblement, en étant moins dur avec soi-même ou les autres. Paradoxalement accepter est un premier pas vers la possibilité de changement.

    Pour ce qui es des objectifs, ils donnent un sens à la vie pour la plupart d’entre-nous mais cela n’a pas à être vécu comme une obligation. Il y a une sorte de devoir moral aujourd’hui à avoir des « projets ». Certaines personnes souhaitent juste savourer la vie et vibrer dans l’instant présent, mais ceci est peut-être déjà un objectif dur à réaliser pour beaucoup.

    Répondre
  6. Dimitri Goguet
    Dimitri Goguet dit :

    L’ego représente un obstacle pour l’acceptation. C’est l’ego qui se dresse de toutes ses forces contre les éléments qui nous viennent du dehors et c’est cette « rigidité de l’ego » qui rend impossible l’acceptation des choses auxquelles nous sommes confrontées.

    Bruce lee

    Étant encore jeune, je viens de vivre des expériences que je ne pourrais qualifier de négatifs car c’est mon mental qui s’identifie à ses événements. Or, la réalité c’est qu’il ‘y a seulement des choses qui arrivent et comme tu le montre dans ta fable elles ne sont ni mauvaise ni bien, elles sont le reflet de notre âme.

    En y repensant je vois qu’elles m’ont parfois permis de grandir. Ayant pris conscience de cela, je m’exerce à utiliser mon mentale et non à ce qu’il m’utilise car comprendre la raison qui nous fait vivre maintenant, c’est mourir à tout ce qui a appartenu à hier

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  7. MEGALIZZI Matteo
    MEGALIZZI Matteo dit :

    Ce podcast est super intéressant, merci Mourad pour nous avoir partagé cette fable.
    Je n’ai que 19ans, mais à l’écoute de cette fable je me dit que j’ai encore beaucoup, beaucoup de chemin à faire..
    Quand j’étais au collège et au lycée, j’étais indigné par le monde, je le voyais pourri, malsain et j’étais alors incapable de me projeter dans 5ans, 10ans dans ce monde.
    Maintenant les choses ont un petit peu changé pour moi, avec l’arrivée des études supérieures et un peu de maturité sans doute ma vision du monde à quelque peu changée. Je vois le monde comme une fleur magnifique, seulement elle est illuminée par une lumière sombre, ce qui ne laisse pas transparaître sa beauté..
    Il y a tant de chose à faire, à entreprendre.. vouloir changer le monde c’est sans doute impossible, mais c’est peut-être cette envie qui nous pousse finalement à agir, à faire quelque chose, à vivre mieux, plus en accord avec soi-même et les autres.

    La notion d’acceptation pour moi à un sens négatif, je ne suis pas actuellement capable de m’imaginer tout accepter sans en subir les conséquences. Pour te dire Rudy, lorsque tu est arrivé presque à la fin de la fable, après la dernière porte (la première mais passée dans le sens inverse) j’ai cru que tu allais dire qu’il y avait la mort. Preuve que mon esprit à assimilé le fait de tout accepter à la mort de l’esprit, cette paix dont tu as parlé.

    Comme certaines personnes l’ont fait remarqué dans les commentaires, il ne faut pas assimiler l’acceptation et la résignation. Il y a bien quelque chose qui nous fait nous lever tous les jours comme tu dis.. Selon moi l’humain à des besoins et des désirs, aussi profonds soient-ils, c’est ce qui le pousse chaque jour à se lever et à (peut-être ?) chercher à devenir une meilleure version de lui-même.

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