LE PLUS BEAU DES PERROQUETS

Comme chaque année, j’ai rendez-vous avec mon comptable afin de faire, en théorie, le point sur mes diverses sociétés.

La réalité est que je suis plutôt un homme de chiffre et que je compte, obligatoirement pour payer ma TVA chaque trimestre mes rentrées et mes sorties d’argent, que je sais donc où j’en suis d’un point de vue financier.

Ainsi, ces rendez-vous ne sont presque jamais consacrés à ce qu’ils devraient être.

A la place, nous échangeons sur nos visions du monde, ce que nous entrevoyons quant à l’avenir.

Ne naviguant pas dans les mêmes sphères, cela est particulièrement intéressant pour nous deux puisque nous voyons les choses différemment mais qu’à la fin, nous arrivons malgré tout à un consensus nous permettant d’être plus compétent dans nos diverses activités.

Savez-vous par exemple que le métier de comptable est amené à disparaître et sera sans doute automatisé par des logiciels où nous rentrerons nous-même nos factures d’achat et de dépenses ?

Il semblerait qu’au moins cinq métiers soient particulièrement amenés à « mourir » à terme : manutentionnaires, secrétaires, banquiers, assureurs et donc comptable.

Tous les métiers qui peuvent être, en quelque sorte automatisés et réalisés par des robots.

On le voit d’ailleurs depuis quelques années avec l’émergence de banque en ligne qui n’ont rien à envier aux banques physiques, où le service est exactement le même, du moins pour 99% des opérations que nous effectuons chaque jour.

D’un côté, des gens semblent penser qu’il faut arrêter cette « modernisation » pour sauvegarder leurs emplois.

De l’autre côté, certains parlent de revenus universels pour tous.

Chaque position est défendable, a des avantages et des inconvénients.

Personnellement, je pense que personne n’a envie d’être manutentionnaire toute sa vie, de déplacer de lourdes charges dans des positions inconfortables si ce n’est pour l’argent et en avoir suffisamment pour vivre sa vie, à la hauteur de ses projets.

Je ne pense pas non plus que les banquiers et assureurs soient super heureux d’essayer de vendre à tout prix des « produits » dont les gens n’ont pas besoin la plupart du temps.

Et je pense que personne n’a envie d’être dans des papiers, de l’administratif toute la journée. Je sais ô combien cela peut être énervant de se démener avec des organismes qui sont sur une autre temporalité.

La question qui se pose alors, en dehors de la possibilité du revenu universel auquel je crois et pour lequel je suis, pas en plus des autres taxes mais en réorganisant la distribution de ce qui est perçu est comment être en sécurité ?

Comment faire pour ne pas subir de plein fouets, sans avoir aucune autre solution, les changements de la société qui va irrémédiablement nous pousser vers ce qu’elle pense être notre place ?

Avant de vous exposer mon point de vue, laissez-moi vous citer Bernard Tapie dans son deuxième livre « Librement » de 1997 qui est, après son premier livre « Gagner », une autre pépite :

« J’ai envie de dire à tous ceux qui sont tentés de se laisser aller, qui sont submergés par les difficultés, qui s’abandonnent à la défaite : Reprenez vous. Courage, ce ne sont que des épreuves à dépasser. Votre destin peut changer.

A la fin, l’aide des autres est précieuse : Elle vous aide à trouver en vous la force de résister. Car cette force existe en chacun et, pendant ces trop longs mois, j’ai pu la découvrir en moi. Surtout, s’agripper, ne pas suivre le flot. A chaque instant, la gymnastique du corps et celle de l’esprit. Rester digne.

Même quand on sait qu’on ne verra personne, se raser. Multiplier les gestes simples qui accrochent à la vie. Penser aux autres plutôt que de se complaire dans la mélancolie. Et ne jamais se résigner à son sort comme à une fatalité. Demeurer insurgé, rebelle sans violence, réfractaire au plus profond de soi-même. Ne pas accepter »

Si vous me lisez aujourd’hui, ce n’est pas un secret pour vous mais la société cherche à nous dicter notre place, nos faits et gestes, à nous réduire au silence, à faire de nous, ce que j’appelle, des moutons, des perroquets.

Le système éducatif qui aurait du nous apprendre à réfléchir par nous-même, à nous organiser, à nous apprendre à apprendre, nous a seulement appris à répéter.

Je me souviens d’apprentissage de texte par cœur qu’il fallait répéter sans faire de faute, je me souviens de dictées préparées où l’on apprenait l’orthographe de chaque mot pour ne faire aucune faute sans forcément en comprendre le sens à tel point que les mots ne sont devenus que des mots et non des porteurs de sens (A ce sujet, le livre « Les mots sont des fenêtres » est un chef d’oeuvre).

On nous a appris à parler pour parler, à répéter sans rien remettre en question ce que l’on a lu ailleurs, à répéter bêtement ce qu’autrui dit.

Je le vois plus que jamais à l’heure où n’importe qui peut s’exprimer sur internet, où l’on peut, avec une certaine arrogance et certitude dans ses propos, être convaincus que l’on a raison, que l’on transmet la bonne parole parce qu’on l’a lu d’une source que l’on juge de fiable.

J’y vois là une dérive du système scolaire que j’ai connu (et qui a peut être évolué depuis) où le maître, la maîtresse, le professeur avait toujours raison. S’il disait quelque chose, c’était du sur. Nous ne remettions rien en question.

C’est ce à quoi j’assiste comme étant la norme aujourd’hui où tout est répété, répété et encore répété sans faire preuve d’aucun discernement.

C’est d’ailleurs un mot oublié ; qui parle encore de discernement aujourd’hui, de prendre du recul, d’analyser la justesse des propos avant de les répéter ?

Le pire, c’est que l’on répète des banalités inutiles, que l’on parle pour parler de rien et qu’au lieu de remettre en question ce que l’on voit, ce que l’on lit, on estime que tout ceux qui parlent ont raison sinon pourquoi parleraient-ils ?

Parce que nous avons vécu cela à l’école où on ne parlait que pour donner la bonne réponse. Personne ne levait la main pour prendre la parole et donner la mauvaise réponse de manière consciente.

Je pense que de nombreuses erreurs que nous faisons aujourd’hui en terme de raisonnement viennent de ces moments fondateurs de notre personnalité, de notre éducation.

On ne nous a pas dit que l’erreur était humaine et que la norme était de faire des erreurs, pas de ne pas en faire.

Que la sécurité, ce n’était pas de rester dans les cadres définis par la société pour nous, presque dès la naissance en fonction d’où l’on naît.

Mais que la sécurité, elle s’apprenait, elle se construisait et qu’elle dépensait surtout de ce que nous faisions.

Il est évident que si vous vivez dans la peur de sortir des rails, la peur de demander quoi que ce soit et de faire, à l’aube de cette transformation du monde, vous ne serez pas libre, vous ne serez pas en sécurité. Vous serez encore plus prisonnier, esclave de celui-ci.

Car c’est bien de cela dont il s’agit, de liberté.

La sécurité n’est autre que la liberté, la possibilité de dire merde quand on veut, à qui on veut.

Parce que l’on a compris que la sécurité, c’était avant tout de compter sur toi mais pas n’importe comment.

Croire que l’on ne dépend que de soi en répétant, en copiant ce que font d’autres est seulement de l’arrogance mal placée, une fausse naïveté, une sorte de protection de son ego mal utilisé.

La vrai sécurité, elle s’acquiert en apprenant à apprendre. Elle s’acquiert en remettant tout en cause et en ne prenant rien pour acquis.

Elle est celle qui permet de se faire son propre avis sans donner raison absolue à qui que ce soit.

Elle est dans la compréhension et non dans le recrachage.

Par exemple, si je conseille une quelconque manière de faire en musculation, certes, vous pouvez l’appliquer sans vous poser de questions et progresser avec un temps. C’est ce qui se passe d’ailleurs dans mes suivi-coaching avec la garantie de progresser.

Mais si vous désirez aller plus loin que ce « temps », alors il vous faudra comprendre en profondeur ce que je recommande et peut être ne pas être du même avis à la fin car la clé de la « réussite », quelque soit le domaine, est la personnalisation de tout ce que l’on fait.

Si vous restez dans cette dépendance de ce que disent d’autres personnes, vous serez toujours un esclave, un prisonnier des apparences, des normes, de la société.

Et quand celle-ci change et changera encore et encore, vous le serez de plus en plus, à ne pas savoir où donner de la tête, qui croire puisque tout le monde a la parole de nos jours sans avoir la légitimité de ses propos et donc le respect des autres et de la société.

Parfois, comme dans un récent Podcast où j’étais interviewé (Le PowerCast), on me considère comme un autodidacte.

J’oserais dire que je suis surtout quelqu’un qui pose des questions. A l’instar du dernier épisode de la série Genius sur Einstein, j’ai toujours demandé « Pourquoi », pourquoi ci, pourquoi ça et c’est ce qui m’amène à me faire mon propre avis sur les questions qui m’intéressent.

A l’inverse, plutôt que de faire preuve d’arrogance et de donner « un avis » qui n’est autre que celui d’autres personnes sur des sujets que je ne maîtrise absolument pas, je préfère dire que je ne sais pas si on me pose des questions ou au pire, lister les différents avis contraires que j’ai lu.

C’est aussi pour cela que je n’apprécie pas les articles spécialisés qui utilisent du « jargon », c’est à dire des mots que seuls ceux qui sont dans le milieu-dit peuvent comprendre et pas ceux qui « débutent ». Rappelez-vous la fameuse règle des 95 :

Ce qui est important est donc de faire tout l’inverse de ce que l’on voit actuellement, plutôt que d’accorder du crédit aux formes, il faut s’intéresser au fond. Creuser et encore creuser jusqu’à tant d’être rassasié sur le sujet qui vous intrigue.

C’est d’ailleurs pour cela que j’ai lancé ma Formation SuperPhysique, pour tout ceux qui veulent comprendre et pas seulement agir en musculation et que tous les contenus que j’ai fait dans ce milieu sont orientés vers la transmission de connaissance et non vers l’embrouillage collectif.

C’est Léonard de Vinci qui disait : « La simplification est la sophistication extrême » et il avait raison.

Je pense savoir ce que vous vous dîtes, que vous ne pourrez pas tout creuser, tout « savoir » mais là n’est pas l’important.

L’important, c’est d’adopter cet état d’esprit, cette démarche et de l’utiliser quand vous en ressentez le besoin.

Ce n’est pas de devenir le spécialiste des spécialistes, c’est de devenir le spécialiste dont vous avez besoin quand vous en avez besoin.

Et pourquoi pas alors, par la suite, de transmettre ce que vous avez appris, sans arrogance mais juste pour le plaisir de transmettre ce que vous avez appris, de partager votre expérience quand celle-ci apporte de la valeur.

Car si c’est pour être un perroquet, cela n’a aucun intérêt et ne va pas dans le « bon » sens.

Enfin, j’aimerais dire que la sécurité, c’est aussi savoir communiquer avec les autres, c’est savoir parler, discuter, échanger.

Ce n’est pas apprendre dans son coin et tout garder pour soi car nous sommes les liens que nous tissons (Cf Albert Jacquard).

C’est faire preuve d’intelligence émotionnelle, d’intelligence relationnelle dans la vie mais aussi dans tous les espaces où nous sommes amenés à communiquer (cf l’article « La première règle »).

De comprendre que finalement, nous ne sommes que de la poussière et rien de plus, qu’il n’y a donc aucune raison de se sentir au dessus, surtout quand on est rempli de certitudes.

Je conclurais comme d’habitude avec une citation, cette fois-ci de Georg Christoph Lichtenberg, écrivain et philosophe allemand du 18 ème siècle :

« Le perroquet ne fait jamais que parler sa langue maternelle »

Émancipez-vous donc du nid.

Rudy

Ps : Vous pouvez rejoindre mon groupe d’émancipé ici.

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