RIEN QUE LA VERITE
14 novembre 2018Nous avons tous en tête ces scènes de film dans un tribunal où une personne jure solennellement de dire la vérité, rien que la vérité.
Pourtant, en y réfléchissant d’un peu plus près, pouvons-nous être sur qu’une personne dit la vérité, même si elle le jure ?
Nous avons tous tendance à penser que nous sommes honnêtes, que nous ne mentons pas (pour la plupart), que nous disons la vérité.
Personnellement, j’ai horreur du mensonge. C’est d’ailleurs une des raisons qui m’a poussé à ouvrir mon site SuperPhysique pour les pratiquants de musculation sans dopage dans un milieu très hypocrite où rare sont les personnes vraiment très musclées qui ne prennent pas de produits dopants.
Pourtant, suis-je vraiment honnête ? Est-ce que je ne cache pas la vérité ? Encore plus à moi-même ?
Je crois, avec du recul, qu’en fait, nous nous racontons tous des histoires, plus ou moins crédibles.
En clair, nous nous mentons inconsciemment pour notre bien être, pour continuer ce qui nous importe, ce qui a du sens à nos yeux (Cf article « N’attendez pas d’être motivé« ).
J’oserais même aller à dire que nous sommes de très très bon menteurs parce que nous croyons à nos mensonges.
Vous savez tout aussi bien que moi que ce en quoi en nous croyons détermine une bonne partie de nos possibilités.
Henry Ford disait : « Quoi que vous pensiez être capable ou ne pas être capable, dans les deux cas, vous avez raison »
Personnellement, en lançant ce site LeaderCast, je me raconte une bien belle histoire.
Et pourtant, je pourrais tourner l’histoire différemment dans ma tête, je pourrais renverser complètement les arguments positifs en faveur de ce projet qui me tient à cœur et lui trouver de mauvaises raisons.
Mais est-ce que cela aurait un intérêt ? Je ne le pense pas.
Cela fait parti, pour moi, d’une sorte d’auto-persuasion. Plus on se répète quelque chose et plus cela devient réel, notre vérité.
Parce qu’il y a une différence fondamentale entre la vérité et la réalité.
La réalité est telle qu’elle est, sans aucun jugement possible. Par exemple, si quelqu’un me dit que je suis grand, oui, c’est le cas.
Ce n’est ni bien, ni mal et ce n’est pas un compliment. Pour moi, un compliment est quelque chose qui se mérite, pour lequel on a travaillé.
Et cela se défini par rapport à ma vérité du compliment dont, vous en jugerez, n’est sans doute pas votre définition.
Dire à quelqu’un qu’il est beau sans qu’il n’ait rien fait pour l’être est pour moi inutile mais je m’égare un petit peu. C’est une réalité objective, point.
Tandis que la vérité, elle, est subjective et propre à chacun.
On se crée ainsi, avec nos mensonges, qui ne sont donc pas la réalité, notre propre monde, un monde avec nos propres règles en apparence, qui nous permet d’évoluer et de donner de l’importance à ce que nous faisons.
Sans cette construction de notre vérité, nous serions dans un monde de contemplation, sans véritable but, ni objectif à l’instar des moines bouddhistes reclus dans une grotte.
C’est pourquoi je crois fortement aux mensonges que je me raconte et je crois encore que les mensonges que l’on nous a raconté lorsque nous étions enfants nous influencent aujourd’hui fortement.
En musculation, via l’analyse morpho-anatomique que j’ai codifiée, j’ai pu déterminer que les activités réalisées durant l’enfant et l’adolescence jouaient une part importante dans le potentiel musculaire que nous développions à l’âge adulte.
N’étant pas un expert de la psychologie mais seulement quelqu’un qui se pose des questions, qui adorent tout remettre en question, si j’analyse une partie de ma psychologie, j’ose croire que les mensonges que m’a raconté ma mère lorsque j’étais enfant font qu’aujourd’hui, comparativement à la majorité des gens, j’ai une confiance exacerbé en mes capacités.
Une confiance qui n’est que ma vérité et qui est enfouie au plus profond de moi-même mais qui n’est sans doute pas la réalité.
Je me crois, je me sens capable de tout réussir mais est-ce vraiment le cas ?
La réponse est évidemment non et pourtant, j’en suis persuadé.
Si enfant, on vous a dit que vous n’étiez pas doué pour une activité, il y a de fortes chances que nous n’ayez jamais recommencé, que vous ayez abandonné alors que cela ne concernait que la réalité subjective de la personne qui vous l’a dit.
Vous avez pris cela pour acquis.
C’est pourquoi, je crois, qu’il ne faut pas accorder tant d’importance que cela à l’avis, aux dires de chacun, même s’il s’agit de proches.
Qui est le mieux placé pour nous conseiller par rapport à ce que nous désirons faire ou être ?
Comme j’en parlais dans le Podcast « J’avais tort », personne aujourd’hui n’est capable de dire avec certitudes quelles sont nos possibilités et de répondre au mieux aux questions que nous nous posons personnellement que nous-même.
C’est aussi pour cela que je pense que la franchise souvent décrite comme une qualité n’en est pas forcément une.
Nous avons tous besoin de croire en certaines choses et qu’elles ne soient pas forcément remises en question parce qu’elles font partie de qui nous sommes, du mensonge que nous nous racontons.
Imaginez que si vous appreniez et intégriez le fait que tout ce que vous croyez est faux ?
C’est sans doute le cas.
Mais nous avons le pouvoir de décider de comment nous voyons ce monde qui nous entoure.
Nous décidons de comment ce qui nous entoure nous impacte, de ce que nous consultons, que ce que nous voyons, des discussions que nous avons, de quelle personne fait parti de notre entourage…
C’est en ce sens que je crois que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire car nous n’avons pas tous les mêmes capacités à les digérer, même si elles ne sont pas la réalité mais seulement la vérité de la personne qui les dit, sans avoir, sans doute, toutes les cartes en main.
Quand j’étais plus jeune, je me souviens que je n’hésitais pas à dire à tout un chacun sur les forums de musculation ma vérité. Quand quelqu’un postait ses photos, m’entraînant alors pour codifier l’analyse morpho-anatomique inconsciemment, je lui disais tout ce que je voyais et surtout ce qui n’allait pas, croyant rendre service lui permettant ainsi d’adapter son entraînement et de mieux se voir.
Hors, je me suis rapidement rendu compte que cela générait une sorte de rejet, de tension entre les divers membres et moi-même. Je ne comprenais pas pourquoi il y avait une certaine animosité alors que je ne faisais rien de mal.
Ce n’est qu’avec les années que j’ai finalement pu comprendre que la franchise n’était pas forcément une qualité et que sa propre vérité n’était pas à dire si son avis n’était pas demandé.
Dans un monde où la majorité des gens manquent de confiance en soi, insister sur les défauts d’un point de vue objectif, d’un point de vue « réalité », est souvent très mal vu et exclut.
Nous avons peut être l’impression de ne pas pouvoir communiquer en disant tout ce que nous pensons mais je ne crois pas qu’il faille vraiment dire tout ce que nous pensons pour communiquer.
De mémoire, Dale Canergie dans son livre « Comment se faire des amis ? » explique bien cette nuance.
C’est peut être par une incompréhension entre penser quelque chose et dire ce que l’on pense qui fait que de plus en plus de personnes s’isolent, croyant à tort, qu’elles ne peuvent pas communiquer.
La communication, du moins, la bonne communication, c’est d’être ouvert aux autres vérités et d’aller piocher dans chacune d’entre elles pour évoluer et mieux construire, définir son monde.
Par exemple, si vous lisez ce texte, vous ne serez pas forcément d’accord avec ma vérité et heureusement.
Mais cela vous donnera matière à réflexion, vous remettra en question et vous permettra sans doute de mieux vous connaître et de vous raconter de merveilleuses histoires pour mieux avancer.
C’est quelque chose personnellement avec quoi j’ai encore du mal car j’arrive très vite à cerner les points sensibles de chacun et que j’ai cette envie de donner confiance à chacun en montrant que ces points sensibles n’ont pas à en être.
Nous pouvons décider de croire que nous avons des forces et des faiblesses ou alors seulement des forces, ce que je crois.
Nous sommes tous différents avec nos forces.
Les faiblesses ne sont qu’une vérité subjective, rien de plus.
Je crois également qu’il faut savoir se cacher de la réalité quand elle ne nous aide pas, quand elle peut nous ralentir et nous décourager.
Par exemple, en musculation, l’une des erreurs qui est le plus souvent faite est de se comparer aux autres et souvent, on choisit de se comparer aux pratiquants le plus musclé, le plus doué et parfois dopés quand on n’est pas soi-même très doué de base, ni dopé.
Forcément, dans ces conditions, se comparer régulièrement à ce genre d’individu (et même à n’importe qui) ne peut pas bien finir et c’est ce qui explique, parce que nous sommes également dans une société qui compare tout et n’importe quoi, qui donne des points, que beaucoup n’arrivent pas à persévérer et à atteindre objectifs qui comptent pour eux.
Je crois aussi qu’il faut savoir se couper des commentaires négatifs et des critiques injustifiées par rapport à ce que l’on fait.
Lorsque l’on a des projets, que l’on entreprend sa vie comme un Leader, en comptant sur soi-même, on s’expose forcément.
Ce que l’on appelle les « haters » finiront un jour ou l’autre par arriver et je conseillerais plus que jamais de ne pas y accorder d’importance.
Car cela n’est encore une fois que leurs vérités, pas la vôtre que vous seul connaissez qui expliquent pourquoi vous faites ci ou ça.
Ayant perdu vraiment beaucoup de temps avec ce genre d’individu, je sais qu’il faut les fuir comme la peste et se concentrer sur ce qui renforce et améliore notre vérité nous concernant, le monde que l’on se construit (Je ne parle pas de se couper des critiques constructives qui ont évidemment leurs places dans la remise en question permanente que je conseille).
Alors vérité ou réalité ? Mensonges ou honnêteté ? Franchise ou pas ?
Finalement, cela importe peu.
Il s’agit que de croire en l’histoire que l’on se raconte pour rendre ces objectifs atteignables.
Si vous souhaitez soutenir LeaderCast, cela se passe ici.
Rudy
En ayant lu l’article, ça me fait penser au fait que tout le monde à raison, ET tout le monde à tort.
Il y a la question du point de vue :
Si je dessine un 6 sur la table, je verrais bien évidemment un 6. Mais la personne face à moi verra un 9. Pour autant quelqu’un a t’il tort?
Autre réalité subjective du point de vue. On dit que tu es grand. Mais par rapport à qui? A la norme? Existe t’il une norme? Par rapport à un nain? Oui en effet tu es grand. Par rapport à un pivot de NBA? Pas dit.
Existe t’il donc une vérité au milieu?
Autre phénomène qui me fait dire que l’on peut tous avoir tord, c’est le rationalisme de l’habitude.
Depuis toujours, on a vu le soleil se lever le matin. Mais qu’est ce qui prouve qu’il va encore le faire demain? Il peut se passer des choses cette nuit, un trou noir, une météorite que sais-je…
Pourtant on admet cette idée que le soleil va se lever demain soit une réalité.
Là où je te rejoins, c’est que pour s’elever au dessus des autres, on a besoin de croire en ses propres possibilités, et d’avoir des croyances de grandeur, et des objectifs. De ce fait, d’y croire, permet de s’immuniser contre les avis négatifs ou les découragements tout vrai qu’ils peuvent être.
On a l’exemple de sportifs, perdu pour leurs sports pour des raisons médicales par exemple qui ont réussis à dépasser les vérités de la médecine pour réussir.
Sur ces belles paroles, je file cogiter…
Très bonne réflexion David !
Merci de l’avoir partagé.
David, as-tu les ouvrages de Nassim Taleb, il parle du phénomène dont tu nous parle « le cygne noir ». Ce n’est pas parce que tous les cygnes qu’on a vu sont blanc, que les cygnes sont tous blanc (il y avait des cygnes noirs en Australie, mais avant sa découverte, le monde occidental avait cette certitude).
Il faut ce détacher de la notion de vérité « absolue » je pense, et ce pour tous les domaines, ne prendre rien pour une certitude. Personne n’est ommnicient et ce qui passe pour vrai aujourd’hui ne le sera pas forcément demain ou dans 1000 ans.
Super de pouvoir lire des rélfexions aussi développées.
C’est vrai que je n’avais jamais eu l’occasion de remettre en question la valeur de l’honnêteté avant ça. Au final, tout l’intérêt se trouve dans le fait d’adopter les bonnes croyances, plus ou moins conformes à la réalité, pour se constituer un environnement qui augmente nos capacités. Et donc, dans le fait d’en fuir ou d’en démenteler d’autres, c’est le cas des croyances limitantes, ou des « suppositions d’échec ». J’aime bien ce que dit D Laroche à ce sujet, et je dérive un peu mais « Es-tu à 100% sûr que c’est impossible ? » : la réponse n’est presque jamais oui. En soi, si on commence à démenteler de cette manière une impossibilité de faire de reussir quelque chose, on laisse un peu de place pour croire au succes.
On peut aussi parler de l’intérêt parfois, de ne pas savoir, de ne pas avoir conscience de la réalité. Je prends l’exemple de la théorie du bourdon, qui d’un point de vue physique ne serait pas capable de voler, mais qui le fait puisqu’il n’a pas conscience qu’il ne le peut pas.. Allez dire à un bourdon qu’il ne peut pas voler…
En somme, On a tout intérêt à constituer un système de croyance (même partiel) qui nous est favorable dans une réalité sans doute plus contrastée, pour ouvrir notre champ de possibilité et le renforcer par le biais d’actions concrètes.
C’est ce qui manquait aux podcasts : le fait de pouvoir y réagir directement. En y repensant, je pouvais par mail ou par le biais de la tribu, mais cool qu’on puisse le faire ici !
L’exemple du bourdon me fait penser à un autre exemple. Jason Becker est (était) un guitariste incroyablement doué mais qui a développé une sclérose latérale amyotrophique. Aujourd’hui il ne peut bouger que ses yeux… Ceci-dit, il raconte dans une interview qu’une fois, il a rêvé qu’il pouvait de nouveau marcher. Il s’est réveillé, s’est levé et est allé aux toilettes puis a pris conscience qu’il ne pouvait plus utiliser ses jambes. Il est tombé par terre.
Tout ça pour dire que le cerveau est un outil formidablement puissant. J’ai déjà réfléchi à ce concept de vérité relative (sans aborder le concept de réalité de premier et de second ordre) et j’en ai conclu aussi que chacun se convainc de ce qu’il veut et qu’on peut avoir des avis différents sans pour autant que personne n’ait tord ou raison. Il suffit de regarder les commentaires (rarement constructifs, certes) sur n’importe quel sujet sur Facebook (au hasard). Ca vire au pugilat et chacun impose son point de vue aux autres. Pourtant je me dis souvent que les avis construits, même opposés, peuvent être tous deux judicieux. Néanmoins, sans parler d’opinion sur des sujets, je pense quand même qu’il y a certains mécanismes, une façon de voir les choses qui facilite la vie en général. Je vois des personnes tellement négatives qui passent trop de temps à ruminer et se plaindre plutôt que chercher à avancer. Au final dans certains cas c’est dramatique comme façon de fonctionner car ça entache tout le reste et impose des barrières. J’ai testé différentes façons d’aider ce genre de personnes, et je n’ai aucune réponse générique à donner… Et effectivement, je dois me modérer et faire preuve de diplomatie pour apporter des critiques constructives et ne pas chercher à provoquer une prise de conscience directe par un discours qui change une vie. Actuellement j’en conclus que le mieux à faire c’est d’avoir un discours optimiste, dire ce que l’on sait (ou que l’on croit savoir) sans trop s’étaler et laisser les gens se débrouiller un peu par eux-même. Ca ne leur rend pas service car je pense que le résultat importe peu (étant donné qu’on cherche à progresser constamment, on le repousse toujours). C’est le chemin pour y parvenir qui est enrichissant.